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Citation de Charybde2


Ganoes Paran était tourmenté par des images de noyade. Seulement il ne se noyait pas dans de l’eau, mais dans un puits de ténèbres. Désorienté, cédant à la panique en un endroit inconnu et impossible à connaître. À chaque fois qu’il fermait les yeux, il se sentait pris de vertiges, et des nœuds se serraient dans ses entrailles. C’était en tout point comme s’il était redevenu un enfant. Terrifiée, incapable de comprendre, son âme était percluse de douleur.
Le capitaine quitta la barricade de la Division alors même que les derniers marchands de la journée luttaient encore pour franchir la masse de gardes, de soldats et de clercs malazéens. Il avait agi comme Dujek le lui avait ordonné en installant son campement en travers du col. Les taxes et les fouilles des coches avaient permis d’engranger un butin substantiel, même si les prises diminuaient à mesure que la nouvelle de la présence malazéenne se répandait. C’était un bel équilibre que de maintenir les taxes à un niveau supportable pour les marchands tout en laissant transiter suffisamment de contrebande de peur que l’étouffement ne vire à la strangulation et que le trafic entre Darujhistan et Pale ne s’assèche complètement. Paran contrôlait la situation, mais de justesse. En vérité, c’était bien là la moindre de ses difficultés.
Depuis la débâcle de Darujhistan, le capitaine était à la dérive, bringuebalé de-ci de-là à mesure que Dujek et son armée de renégats opéraient leur chaotique transformation. Les amarres malazéennes avaient été rompues. Les structures de soutien s’étaient effondrées. Le fardeau que le corps des officiers devait supporter s’était considérablement alourdi. Dix mille soldats s’étaient tout à coup changés en enfants qui nourrissaient un besoin urgent de réconfort.
Et Paran était bien incapable de réconforter qui que ce soit. Son désarroi n’avait cessé de croître, si tant est que cela fût encore possible. Des filets de sang bestial lui parcouraient les veines. Des souvenirs fragmentés – rarement les siens – et des visions étranges et surnaturelles hantaient ses nuits. Les heures de la journée s’écoulaient au sein d’un brouillard confus. D’incessants problèmes matériels et logistiques se succédaient, et leur gestion se voyait érigée tel un rempart face au flot grandissant des maux physiques qui l’obsédaient désormais, encore et encore.
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