Susan McClary

Un essai passionnant et rare en son genre. Susanne McClary déconstruit d'abord les préjugés musicaux qu'on apprend au conservatoire. A commencer par les "cadences féminines", douces, peu affirmées, fragiles, et les "cadences masculines", avec des enchaînement I et V répétés 10 fois, ambiance 9e symphonie de Beethoven. Sauf que les cadences, les phrases, les formes sonates et tout le jargon musical n'a pourtant pas grand-chose à voir avec la virilité ou une prétendue "fragilité féminine", il serait donc temps qu'on utilise un vocabulaire approprié.



Dans une autre partie, il est également question du genre et de la sexualité en tant que base de toute musique. Les compositeurs baroques, classiques et romantiques qu'on retient pour notre "histoire de la musique" officielle, étant tous des hommes hétérosexuels, la musique qu'on écoute le plus et qu'on enseigne le plus serait une musique "masculine", qu'elle relie à une sexualité et à des orgasmes masculins.



Elle s'est donc intéressée à des compositrices qui essaieraient de composer "comme des femmes", à savoir, utiliser cette sensibilité tant critiquée et refoulée, cette façon d'avoir plusieurs climax à la suite au lieu d'un, pour servir une musique d'un genre nouveau.



C'est très difficile à résumer, mais je vous conseille vivement cette lecture. Les exemples sont nombreux, musicologiquement et sociologiquement c'est passionnant. Je pense qu'il n'est pas nécessaire d'avoir fait des études de musicologie pour tout comprendre, mais quelques connaissances de base aident sûrement.