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Citation de FRANGA


Il y avait des incongruités dans la réalité, et cela m'obsédait, les gens parlaient d'une manière et se conduisaient d'une autre. Mon père avait lutté pour un monde meilleur et, en lui, il n'y avait rien d'héroïque ni d'exemplaire.
Haine et mépris étaient comme un halo qui ne le quittait pas.
Entre dire et faire, répétait la maîtresse, il y a toute la mer. Voilà, c'était cette mer que je voulais explorer.
En réalité, en observant mes parents, j'avais déjà compris que le monde était divisé au moins en deux grands secteurs. Celui des gens persuadés que, derrière l'univers, il y avait autre chose ; et celui des gens qui croyaient que, dans le jeu de la vie, il n'y avait qu'une seule manche.
Mais moi, je n'arrivais à me ranger ni d'un côté ni de l'autre.
Dans les deux camps, ils avaient une série à peu près infinie de réponses en prêt-à-porter, alors que celles que je me donnais à moi-même étaient du sur-mesure. Elles m'allaient bien à moi, et à personne d'autre.
Pendant toute mon enfance, je suis resté suspendu au-dessus de ce vide terrible. Puis est venue l'adolescence et je me suis lancé, un jour je voulais suivre des études de médecine pour aller en Afrique et sauver les enfants qui mouraient de faim, le lendemain je ne voulais être rien d'autre qu'un assassin. L'après-midi, au lieu de faire mes devoirs, je me promenais à travers champs ou dans la ville. Je marchais des heures entières, les poings dans les poches, les yeux baissés. Marcher ne soulageait pas ma peine, elle augmentait au contraire, chaque pas était un raisonnement, une question qui restait sans réponse. Je parlais à voix haute, je riais tout seul. Je savais que j'avais l'air d'un fou et cela m'était égal. Si la norme était celle que j'avais sous les yeux depuis quinze ans, si la norme, c'étaient les insultes et les regards mornes, si c'était cette chape de tristesse qui vous accablait du matin au soir, je refusais de m'y soumettre, même pour une seconde.
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