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Critiques de Sven Andersen (4)
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Un polar mineur

Ce récit se déroule en 1986, en Belgique, à Bruxelles et dans les environs. Alexandra, une jeune femme dont la sœur Carole, a été découverte assassinée deux ans auparavant, fait appel à Hans Nollomont, un détective assez atypique, pour reprendre l’enquête et démêler l’affaire qui n’a pas été résolue par les policiers. Il accepte et se lance dans des investigations.

La personnalité du fin limier est bien détaillée, il aime son chat qui partage sa vie, les jolies femmes qui, elles, passent dans sa vie, la boisson, les belles voitures, il est armé (ça peut toujours servir) et manie le vocabulaire et la dérision à la perfection. Pour autant, il n’est pas toujours en réussite. Il lui faut parfois coincer des futurs maris qui se laissent tenter par la bagatelle (et ainsi faire annuler des mariages) ou d’autres petites enquêtes plus futiles pour faire bouillir la marmite ou plus prosaïquement acheter de la pâtée pour matous. Alors, cette mission est l’occasion de montrer de quoi il est capable !

Le voilà donc parti à la découverte de Carole qui était une adolescente comme les autres. Comme les autres vraiment ? Ça reste à prouver. Et ce que va entrevoir notre homme au fil de ses journées est loin d’être anodin. C’est lui qui s’exprime à la première personne et qui partage avec le lecteur non seulement ce qu’il apprend, ce qui lui pose question mais également quelques digressions. Cela m’a étonnée, j’ai pensé que si l’auteur digressait trop, il allait me perdre. Bien au contraire, c’est même un intérêt supplémentaire, d’abord parce qu’on observe comment il se comporte dans sa vie personnelle et ça nous apprend beaucoup sur lui, mais aussi parce qu’il « écorche » gentiment - on reste politiquement correct - certains aspects de la politique, de la maison poulaga qui veut garder le pouvoir, des trafics financiers et des messieurs soi-disant bien sous tous rapport qui sont en vérité de beaux saligauds etc.

Nous sommes dans les années quatre-vingt, pas d’ADN, de téléphone portable, on travaille à l’ancienne, à la manière d’un Nestor Burma, ou d’un Maigret. Hans (qu’il me pardonne cette familiarité) se coule dans les lieux un peu plus obscurs de la capitale belge, boîtes de nuit, bars plus ou moins bien fréquentés, endroits sombres, on découvre une autre face de cette ville. Il fait ce qu’il peut pour être discret, se faire oublier, se montrer presque transparent afin que les uns ou les autres se confient, se lâchent, lui fassent confiance et parlent. D’autres fois, il y va au rentre dedans, au culot. Il sait adapter ses méthodes à ses interlocuteurs. Il n’avance pas forcément très vite, il prend le temps mais pas à pas il connaît mieux la famille, les fréquentations et les amis de la disparue. Et certains faits font apparaître une vie moins lisse qu’on aurait pu l’imaginer.

L’atmosphère et les relations entre les individus sont finement décrites. L’auteur a un très beau glossaire (j’ai appris de nouveaux mots et ça m’a bien plu !) et un phrasé qui flirte avec l’humour et la raillerie par moments. Hans Nollomont ne se prend pas au sérieux mais il enquête avec application. Un recueil un peu à l’ancienne et un enquêteur qui a sûrement de beaux jours devant lui !


Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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Un polar mineur

Premier polar pour Sven Andersen qui a déjà sévi dans Anarphorismes et Manifeste schizo-réaliste, deux livres de chroniques qui fourmillent de bons mots, de bonnes idées marquées d'anarchisme, de liberté, d'athéisme...



Le détective de Sven Andersen, Hans Nollomont, sur ses vieux jours, lira sûrement ces deux livres tant ils résument bien ses idées. Anarcho-communiste ou l'inverse, anarcommuniste en quelque sorte, il distille ses réflexions, ses remarques, ses pensées et opinions tout au long du livre. C'est assez savoureux lorsqu'il croise, à plusieurs reprises, des militants d'extrême-droite dont l'un a des capacités de réflexion et de la culture, comme quoi, tout peut arriver. Ces apartés, nombreux et denses sont parfois répétitifs et un peu longuets, comme les considérations automobilistiques et la supériorité de la BMW sur Mercedes ou autre, mais aussi les conditions d'entrée dans les boîtes de Bruxelles (interdites aux porteurs de basket et aux personnes qui ont la chance d'être davantage brun de peau qu'un Bruxellois lambda, si en plus ils portent des baskets...). Malgré mes bémols, ce polar est intéressant, une plongée dans le Bruxelles des années 1980, dans les quartiers chauds, plutôt la nuit, peuplés de gens qu'on ne voit pas la journée. Et puis, il est bien sympathique ce Nollomont, j'aime l'entendre évoquer ces thèmes favoris. Anar, bouffeur de curé, un peu alcoolo, fidèle en amitié, persévérant, cynique, ironique, se faisant peu d'illusion sur la capacité des hommes à résister à la société de consommation mais énonçant tout de même ses doutes et ses craintes. Un détective atypique, un polar atypique qui ravira davantage ceux qui aiment découvrir un univers, des personnages bien décrits qu'ils soient les "gentils" ou les "méchants", même si, évidemment, Sven Andersen est moins manichéen que cela, qui se posent des questions, se remettent en cause et tentent d'avancer avec ce qu'ils sont et ce à quoi ils croient, que les amateurs d'une énigme tortueuse qui leur fera chauffer les méninges.
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Anarphorismes

Prière -mot choisi à dessein pour agacer un peu l'auteur- de bien lire le titre, ce ne sont pas de simples anaphorismes, mais bien des anar-phorismes, car Sven Andersen est anar... et belge. J'ai déjà lu et apprécié son Manifeste schizo-réaliste, et je réitère donc avec ce recueil de petits paragraphes bien sentis, d'une mauvaise foi ou plutôt d'un franc parler assumé qui me ravit, d'un athéisme qui me convainc -ce n'est pas dur, convaincu, je l'étais avant-, d'une haine du travail qui me réjouit et d'un doute certain sur l'économie, le capitalisme à outrance qui ne fait qu'enfoncer le clou de mes propres pensées et/ou interrogations.



Hommage revendiqué à Cioran dont une citation est en exergue du livre, ce petit livre risque de rester longtemps proche de mes mains et de mes yeux pour y piocher des phrases ; tiens en voici une qui me correspond au moins à son début : "J'ai été baptisé de force comme beaucoup. L'Eglise prétend que l'on demeure à jamais baptisé. Quelle horreur ! J'aimerais par conséquent être excommunié, ce qui pour ces sauvages doit être la seule façon de quitter leur secte obscuranto-pédophile. Qui pourra me dire comment procéder ?" (p.47). Pour ma part, je suis un apostat, ravi et fier de l'être, même si pour bien faire, il faudrait que mon nom soit totalement rayé des registres de l'église, mais là, c'est compliqué, peut-être comme Sven Andersen, penser à l'excommunication...



Plein d'autres textes, sur des thèmes différents me plaisent, mais je ne pourrai pas tous les citer :



"Droit à la paresse, voilà une nouvelle matière juridique enthousiasmante qui mériterait une stricte codification." (p.22). (Re)lisez Paul Lafargue !



"Du devoir d'être politiquement infect et non correct." (p.30)



"Il faut bien mourir un jour. Personnellement, je préférerais une nuit." (p.34)



Je disais donc, plein d'anarphorismes à garder en tête, parfois des calembours assumés. C'est drôle, violent, "politiquement infect", fortement décalé, ... Bref, tout cela me plaît énormément. Je ne sais pas si je peux me qualifier d'anar, ou alors anar écolo, mais je partage pas mal des idées énoncées par Sven Andersen. De la lecture qui fait du bien, pour pas cher, seulement 5€, à voir sur le site des éditions du monde libertaire.
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Manifeste schizo-rationaliste

Les éditions du monde libertaire sont l'oeuvre de la Fédération Anarchiste et je vous laisse le soin d'aller lire sa carte d'identité sur le site. Présenté comme cela, vous vous doutez un brin du contenu de ce livre notamment sur les notions de travail, de propriété, d'exploitation et du partage des richesses. Quant en plus, le livre est sous-titré, Petit guide à l'usage de l'athée misanthrope, je suis obligé de l'ouvrir pour lire ce que l'on dit de moi... Et finalement, je suis à la fois rassuré et déçu, mon athéisme est tolérant et ma misanthropie légère même si parfois, je tangue dangereusement vers le schizo-rationalisme dans mes moments d'agacement.



Que de belles phrases écrites par Sven Andersen-qui comme son nom l'indique est... belge- : "En réalité, le travail tue, le travail rend con, dépressif, suicidaire (...), il est vecteur de pathologies psychiques ou physiques (...), il est le terrain de jeu favori des harcèlements de tout type, il est à l'origine de divorces et de frustrations diverses, bref il est infiniment nuisible." (p.54) J'adhère, d'autant plus qu'il illustre son propos. Alors, évidemment, on sait que pour vivre, nourrir sa famille, il faut travailler et gagner de l'argent. Mais justement, c'est tout le système que l'auteur critique et veut changer. Il a des propos durs sur la natalité, mais aussi durs qu'ils soient ils posent la question de l'inévitable surpopulation des prochaines années : 9 milliards d'humains, puis, 10, 11...



Si je ne souscris pas à toutes les théories évoquées, je les lis bien volontiers pour ce qu'elles apportent au débat. Celles concernant l'avilissement de l'homme par l'homme, le travail, la consommation, la recherche du bonheur dans la propriété et la course à l'avoir plus qu'à l'être me parlent et sont à rapprocher du livre de Paul Lafargue, Le droit à la paresse. Je jubile dans divers passages concernant le travail et les relations obligées avec les collègues : "Bref, il (le schizo-rationaliste) est contraint de devenir le roi des hypocrites, un grand comédien simulateur, qui feint de prendre du plaisir avec ses collègues, ses patrons et/ou les clients, notamment lors de ces sommets de la tartuferie d'entreprise qu'on nomme les dîners du personnel, plus insupportables que les examens invasifs d'un proctologue, les activités infantilisantes de team-building (...), les pots d'anniversaire, de départ ou d'arrivée.(...) Le terme de "Touriste d'entreprise" nous convient bien, nous sommes même prêts à créer un Institut des Touristes d'Entreprises, dont les membres seraient tenus de respecter une Dé-hontologie (pour cersser d'avoir honte de conchier le travail) des plus strictes." (p.57). Moi qui me suis souvent fait traiter de touriste au travail -à ma grande joie dois-je avouer ici-même- j'en suis membre, sûr !



J'exulte à des phrases-aphorismes dignes de Pierre Desproges ou de Jean Yanne : "La religion est assurément l'opium du peuple mais elle est encore plus certainement le cyanure de la liberté de penser." (p.77/78)



Le schizo-rationaliste est un schizoïde-rationaliste, un être sans désir qui préfère passer son temps seul, l'inverse du grégaire ; son côté rationaliste en sus fera de lui un "être imperméable aux jugements d'autrui, à leurs modes et aux impératifs collectivistes et familiaristes." (p.26) Et parmi toutes ces vacheries, une tendresse assumée -que je partage : "Les chats partageront cet amour du calme et de la solitude, méritant rien que pour ça d'avoir été divinisé (sic) (une exception à notre théophobie) par une civilisation disparue." (p.70) Le "sic", pour cette coquille, une parmi pas mal d'autres...



Ah, j'allais oublier des points importants : cet essai est court (103 pages), pas cher (5€) et surtout facile à lire parce que le ton est plutôt amusant, les exemples parfois très drôles, même si le propos se veut sérieux mais point trop quand même : "Toute ressemblance avec la volonté d'avoir écrit un livre sérieux ne serait que pure coïncidence et n'engage nullement son auteur, car tout est insignifiant en ce bas monde..." (p.102)
Lien : http://www.lyvres.fr
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