Une onde de colère la traversa à la pensée des séquelles que laisserait la guerre chez ces femmes qui s'étaient retrouvées par le jeu des circonstances au premier plan. Comment avait-on pu croire qu'elles deviendraient impunément les mères nourricières de tant de jeunes hommes, blessés, mutilés et déchirés par leurs engagements, dont elles pansaient les plaies physiques et affectives, et qu'elles alimentaient, au propre comme au figuré, de pain et d'espoir? Qui se préoccupait de leurs blessures intimes ? Pudiques, elles n'en parlaient pas, ou alors si peu. Elles tenaient debout, vaillantes, pour leurs maris, leurs amants, leurs enfants surtout. Parfois même elles donnaient leur vie avec un courage insensé pour défendre leurs convictions.