Dans l’étrange apesanteur de bain tiède où il flotte, le Léonard mort se rappelle la fureur qui s’emparait souvent ainsi de lui. La frustration terrible d’être sans cesse renvoyé à de malheureux essais avortés qui, même lorsqu’il parvenait à les mener à une forme d’achèvement, ne se hissaient jamais à la hauteur du feu dont il se consumait.
Il sait que ces efforts, en définitive, étaient vains. S’il y avait bien une musique en lui, il n’était pas capable de la faire vivre. Ou peut-être que ce qu’il prenait pour de la musique n’était rien d’autre que du bruit.
Est-ce cela qu’il doit comprendre ? Faut-il seulement qu’il admette les limites qu’il s’est lui-même dessinées au fil de sa vie ? Si c’est ça, il veut bien reconnaître tout ce qu’on voudra. Oui, il a été stupide d’y croire. Et après ?