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Citation de Unvola


(Pages 121 et 122) :
Dans ce climat de violence généralisées, l'assassinat du tsar et de sa famille, à Ekaterinbourg, dans la nuit du 16 juillet 1918, paraît presque une péripétie. Le régicide appartient au rituel de la révolution, en tout cas les bolcheviks, tout à leur admiration du modèle français, le croient. La mort de Nicolas II, de sa femme et de leurs cinq enfants révèle cependant une différence de nature entre les Jacobins d'hier et les marxistes-léninistes. Louis XVI avait eu droit à un procès, il lui fut accordé une journée de grâce avant son exécution, sa mort fut publique.
Rien de tout cela n'a été consenti au tsar. Le meurtre s'est fait nuitamment, en catimini dans la cave d'une maison bourgeoise, par surprise, sans qu'aucune sentence ait été prononcée par une juridiction quelconque. Le pouvoir bolchevique aurait-il eu honte de son acte ? Le communiqué officiel de l'exécution, publié le 19 juillet, mentionne d'ailleurs la seule mort de Nicolas II, et précise que "la femme et le fils de Nicolas Romanov ont été placés en lieu sûr". Ce mensonge qui va perdurer pendant des années illustre le comportement ambivalent des bolcheviks face à "l'ennemi". L'assassinat du tsar est un signal fort à destination de ceux qui rêvent d'un retour en arrière possible. Dans le même temps, en prétendant avoir épargné la vie de son fils, le tsarévitch, l'héritier du trône, les meurtriers ménagent l'espoir des partisans de l'empire. Un double effet contraire. Le nouveau pouvoir inaugure là une pratique qui va se généraliser et que copieront ensuite tous les régimes communistes dans leur manière totalitaire.
(...) Ce secret renforce le pouvoir discrétionnaire de vie et de mort sur tous. Par la suite, la plupart des régimes communistes ne cacheront jamais leur intention de châtier "l'ennemi", parfois ils mettront même en scène la répression (procès), mais ils dissimuleront les moyens utilisés : exécutions et enterrement des victimes en cachette, transport de déportés en toute discrétion, familles laissées dans l'ignorance du destin des suppliciés...
Tout cela est volontaire et vise à terroriser. La violence de l'arbitraire devient totale puisque "l'ennemi" ne sait pas vraiment pourquoi il est condamné, il ignore jusqu'au sort qui lui est réservé. Privé de son destin, l'individu se trouve nié dans son être même, il n'est plus qu'une "chose" aux mains du parti-Etat tout-puissant.
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