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Citation de Unvola


(Pages 145 à 147) :
Alors qu'en l'été 1920, la moisson est très mauvaise dans toute la Russie, Moscou n'en augmente pas moins le niveau des réquisitions.
Pour Tambov, le seuil a été fixé à 11 millions de pouds de céréales.
S'ils s'en acquittent, les paysans disposeraient d'à peine 10 % de leurs besoins en nourriture, en semence, en fourrage pour l'année à venir. La province connaît ses premières émeutes de la faim.
(...) Les paysans enrôlés de force par la conscription décrétée par Trotski se sentent plus proches des révoltés que des bolcheviks fanatiques. L'exemple de Tambov risque de faire tache d'huile. Moscou décide de frapper fort. Le 27 avril 1921, le Politburo, l'instance suprême du parti, sous la présidence de Lénine, nomme le général Toukhatchevski commandant en chef de la région, avec une véritable armée à sa disposition : cinquante mille hommes de troupes, trois trains blindés, trois unités de chars, plusieurs automitrailleuses, 70 canons de campagne, un soutien aérien, de quoi lui permettre de mater la rébellion en un mois.
(...) En juin 1921, les deux généraux ont rempli leur mission pour l'essentiel, l'insurrection a été vaincue à l'exception de quelques poches de résistance.
(...) Le lendemain de cet ordre [destiné à terroriser ce dernier carré], le 11 juin, Toukhatchevski informe Moscou de sa décision d'utiliser des gaz asphyxiants contre les derniers insurgés : "Les débris des bandes défaites et des bandits isolés se rassemblent dans la forêt et se livrent à des attaquent contre les habitants paisibles.
1) La forêt où les bandits se cachent doit être nettoyée au moyen de gaz asphyxiant ; tout doit être calculé de façon que la nappe de gaz pénètre dans la forêt et extermine tout ce qui s'y cache.
2) L'inspecteur de l'artillerie doit immédiatement fournir les quantités requises de gaz asphyxiants ainsi que les spécialistes compétents."
L'ordre n°171, signé Toukhatchevski et Antonov-Ovseïenko, met immédiatement ce plan à exécution. Un mois plus tard, le 19 juillet, il est annulé. Certains dirigeants bolcheviques auraient eu, semble-t-il, des états d'âme après avoir autorisé ces méthodes barbares. Trop tard, le mal est fait, les derniers résistants de Tambov avaient été gazés.
Sept camps de concentration ont été ouverts pour y parquer les "familles des bandits insurgés". En juillet 1921, ils sont 50 000 à y être enfermés, en majorité des femmes, des enfants et des vieillards. Les conditions d'internement sont telles que le typhus, le choléra et la faim font des ravages. Le taux de mortalité y atteint de 15 à 20 % par mois.
Des villages entiers sont réprimés, les hommes sont exécutés ou déportés dans les premiers camps installés par le pouvoir au-delà du cercle polaire.
L'ampleur exacte de la répression n'est pas connue. Certaines sources font état de 15 000 exécutions et de 100 000 emprisonnés ou déportés, d'autres estiment les pertes totales de la région à 240 000 personnes.
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