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Citation de Unvola


(Pages 168, 169 et 171) :
Les troubles gagnent la garnison de Kronstadt. Le 1er mars, un meeting regroupant des habitants de la ville et les marins de la base navale adopte une résolution aux accents politiques : élections libres aux soviets ; liberté de parole et de presse pour les ouvriers, les paysans, les socialistes-révolutionnaires de gauche, les anarchistes, les syndicats ; libération des prisonniers politiques ouvriers et paysans ; abolition des privilèges du parti communiste ; égalité des rations des travailleurs ; droit des paysans et des artisans non exploiteurs à disposer du produit de leur travail.
Pour Lénine, les insurgés de Kronstadt sont des fous, forcément. Il donne l'ordre de les liquider. Quinze jours seront nécessaires au pouvoir pour venir à bout de la révolte. Les marins de Kronstadt ont une telle aura révolutionnaire dans le pays que les troupes envoyées pour prendre leur forteresse se battent mollement, quand elles ne se solidarisent pas avec eux. Plusieurs assauts sont donnés, en vain. Le 7 mars, Toukhatchevski qui commande les opérations ordonne de "traiter les mutins avec sévérité, de les fusiller sans merci". Il faut "attaquer avec des gaz asphyxiants et des obus chimiques", précise-t-il, pour neutraliser les navires de guerre aux mains des insurgés. Le général inaugure à Kronstadt la méthode radicale qu'il va employer, quelques mois plus tard, contre les paysans de Tambov. L'assaut final est donné le 16 mars par 50 000 soldats d'élite. Les combats font rage dix-huit heures durant, la forteresse est finalement "libérée" le 18 au matin. Un symbole : cinquante ans auparavant, jour pour jour, le 18 mars 1871, commençait la Commune de Paris. Celle dont rêvaient les marins de Kronstadt s'achève dans le sang.
Cinq cents mutins de Kronstadt sont immédiatement exécutés, sur ordre de Zinoviev. Le peloton d'exécution est une brigade de jeunes communistes (les komsomols), les soldats de l'Armée rouge ayant refusé de faire la sale besogne. Dans les semaines qui suivent, 2 000 autres marins sont passés par les armes, des centaines sont envoyés sur ordre de Lénine au camp de concentration de Solovki, sur une île de la mer Blanche. Huit mille soldats de Kronstadt ont réussi à fuir par les glaces jusqu'en Finlande. Ceux-là sont saufs, pour quelques temps. Nombre d'entre eux croiront à la clémence du pouvoir soviétique et à ses offres d'amnistie. Ils reviendront plus tard en Russie, pour y être exécutés ou envoyés en camp. La propagande du régime a tout fait pour flétrir la mémoire des insurgés. L'historiographie officielle fera passer les marins pour des gardes blancs, des mencheviks, des anarchistes, voire des espions à la solde des Français. On expliquera que le parti et l'Etat avaient tout tenté pour éviter l'effusion de sang, que tous leurs appels pacifiques avaient été rejetés, et que c'était contraints et forcés qu'ils avaient dû avoir recours à la violence.
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