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Citation de Unvola


Le plus prestigieux, sinon le plus précoce des hommes politiques occidentaux à avoir joué un rôle d'"idiot utile" pour le compte de l'Union soviétique avant guerre est probablement Edouard Herriot.
(...) Edouard Herriot, témoin choisi par Moscou pour cacher aux yeux du monde la mort de millions de paysans affamés par ordre du pouvoir [stalinien], peut jouer son rôle de complice. Ce n'est pas que le Français n'a rien vu, c'est qu'il n'a pas voulu dire.
(...) "Lorsqu'on prétend que l'Ukraine est dévastée par la famine, permettez-moi de hausser les épaules", déclare Herriot dès son retour en France. Plus tard, dans ses interviews, il parle du "jardin ukrainien" en pleine prospérité, puis dans un livre, publié en 1934, il reprend la terminologie soviétique sur la "prétendue famine". A Moscou, les dirigeants lui sont reconnaissants du rôle joué.
(...) L'ambassadeur de France, Charles Alphand, adresse à Paris un courrier rassurant sur l'Ukraine. Faisant fi de la "fausseté des nouvelles répandues dans la presse", il admet des difficultés dans le secteur agricole pour mieux accuser les koulaks [paysans russes moins pauvres que la moyenne] de sabotage avec la complicité de l'Allemagne "qui mène en Ukraine une campagne séparatiste".
(...) Lorsqu'il s'est créée en 1916 une association France-Russie, Herriot en a pris la présidence. Le pays passé sous l'emprise bolchevique, le Français a été l'un des premiers hommes politiques occidentaux à se rendre sur place, en 1922 - accompagné d'Edouard Daladier, autre membre du parti radical -, avant même que des relations diplomatiques entre Paris et Moscou ne soient établies. Il est revenu enthousiaste, déjà prêt à jouer les idiots utiles. "Les tables sont fort bien garnies. Nous sommes dans une région riche. De fait nous traversons des plaines parfaitement cultivées où les paysans travaillent les champs divisés, tout comme chez nous", témoigne-t-il dans un récit de voyage qui rencontra un franc succès de librairie.
A l'époque, la Russie bolchevique était déjà victime d'une famine meurtrière - 5,5 millions de morts au total -, dont Herriot n'a pas vu de traces, pas plus qu'il n'en remarquera une dizaine d'années plus tard dans un autre contexte. Il a toujours milité pour une reconnaissance diplomatique du régime bolchevique. Devenu président du Conseil, à la tête du Cartel des gauches, Herriot fit ouvrir une ambassade à Moscou, fin 1924.
(Pages 743 à 746)
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