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Citation de Charybde2


Étienne-Marcel. Trois, quatre agences de voyage se partagent le trottoir. Une pimpante Asiatique est appuyée sur la devanture de l’une d’elles. Pause cigarette électronique. Un fameux faciès, un décolleté à son apogée surplombent une jupe en cuire abritant un fessier de qualité. Elle est très fraîche. Malik s’imagine s’aventurer sous sa lingerie, le chauffeur aussi. Et le petit sourire coquin qu’elle leur administre au passage ne fait que décupler par mille leur excitation.
– Déposez-moi ici, dit Malik au taximan. Déposez-moi !
– Ok… Vous savez reconnaître les bonnes choses, répond le chauffeur en salivant sur l’excellente Asiatique.
– Écoutez, monsieur, reprend Malik en tendant un billet de 500 euros. C’est suffisant pour m’attendre quelques minutes ?
– Bien sûr !
Malik quitte le véhicule sans oublier sa mallette, se dirige vers l’agence de voyage où la jeune demoiselle semble attendre sa venue avec impatience.
– Coucou, beau gosse. Des envies de voyage ? Entrez.
À l’intérieur, un employé à l’air efféminé renseigne une quinquagénaire qui s’enflamme sur son possible départ avec son amant à Rome. Aux murs, des clichés invitent à visiter les plus beaux endroits du monde. Les modèles y sont gais, les monuments scintillent, c’est toujours l’été, la mer est bleu turquoise. Ailleurs, il ne pleut jamais ? Y a pas de crackers ? Personne n’en bave ou quoi ?
– Asseyez-vous, dit la jeune Asiatique en lui désignant une chaise.
– Vous appelez tout le monde beau gosse ?
– Non. Pourquoi ?
– Vous croyez qu’un garçon bien élevé comme moi rentre dans une agence juste parce qu’on l’appelle beau gosse ? Vous pensez quoi, que j’ai dix ans ?
– Excusez-moi de vous avoir fait un tel compliment… Ce n’est pas de ma faute, si vous êtes si mignon.
– Je veux partir aujourd’hui, vous avez un vol ?
– Oui, bien sûr, vous avez une destination ?
– Je ne sais pas. Qu’est-ce que vous avez à me proposer ?
– Le monde entier.
– Si toutes les filles mettent des jupes trop courtes ou leur culotte à l’envers comme vous, j’irais bien en Chine…
– Je ne suis pas chinoise, je suis thaïlandaise.
– C’est pas la même chose ?… À côté, alors : la Suisse, l’Espagne, l’Irlande.
– C’est vague… En plus vous comptez partir maintenant, c’est compliqué.
– Finalement, je crois que je vais rester ici !
– Oh, j’allais oublier ! s’emballe la jeune femme. Capacabana ! CA-PA-CA-BA-NA !!!
Encore une fois le portable de Malik vibre. Cette fois c’est Ayatou. Il se lève et s’éloigne de quelques pas.
– Malik, c’est Ayatou.
– J’allais t’appeler.
– Qu’est-ce que tu fais ?
– Rien. Je ne serai pas là cette semaine.
– Pourquoi ? Où tu vas ?
– Je ne serai pas là, c’est tout… J’ai des trucs à faire !
– Ne t’énerve pas…
– Si quelqu’un passe, tu dis que tu ne me connais pas. En cas de problème, appelle Idrissa, Mamad ou Abdallah… Tu as leur numéro ?
– Oui… Donc, tu ne seras pas là pour l’anniversaire de Lili ?
– C’est quand ?
– Dans trois jours.
– Embrasse-là très fort… Prends ma carte bleue dans l’armoire et achète-lui un cadeau.
Il raccroche et revient s’asseoir.
– Qu’est-ce que vous disiez ? reprend-il.
– Capacabana ! Vous n’avez jamais entendu parler de Capacabana ? La nation arc-en-ciel… Dans les Caraïbes, entre Cuba et Haïti.
– Non… De toute façon, les Caraïbes, ça fait trop loin.
– Une île magnifique ! J’ai eu la chance d’y aller, ça a été la plus belle rencontre de ma vie ! 30 euros TTC l’aller… Pas besoin de passeport, une carte d’identité française suffit.
– 30 euros pour aller dans les Caraïbes, vous vous moquez de moi ?
– Non, pas du tout. Comme dans ce type d’île la vie est un peu plus chère, on vend les billets à prix réduit, c’est logique. Capacabana ! Ses plages, son soleil, son ambiance. Vous fumez ? Vous buvez ?
– Pourquoi ?
– À votre avis ? L’alcool et le tabac y sont détaxés. Alors je vous raconte pas l’état des soirées… C’est là-bas que je suis tombée enceinte pour la première fois.
– Ah bon…
Petite canaille d’Asiatique. Elle commence à l’émoustiller, avec toutes ces descriptions. Sa bouche, son décolleté, sa façon de se dandiner. Elle pourrait filer la barre à mine à un nouveau-né.
– 30 euros… Combien d’heures de voyage ?
– Dix, sans escale.
– Et le billet retour ?
– Nous n’en proposons pas. Il s’achète uniquement à l’aéroport Martin-Luther-King de Capacabana ou dans les agences de voyage locales. Vous devrez être en possession de votre titre de transport quarante-huit heures au moins avant votre départ. Le prix est sensiblement égal à celui de l’aller, si c’est ce que vous voulez savoir.
– À vous entendre c’est le paradis à…
– Non. Capacabana est divisé en deux, malheureusement. Au sud vous avez la partie riche, au nord la partie pauvre… Ne vous inquiétez pas, c’est dans la partie sud que l’on vous emmène et l’île est très bien surveillée.
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