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Critiques de Tom Neeley (2)
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The Humans, tome 2 : Humans Till Deth

Ce tome fait suite à Humans for life (épisodes 0 à 4) qu'il faut avoir u avant. Il contient les épisodes 5 à 11, initialement parus en 2015, écrits par Tom Neeley, dessinés et encrés par Keenan Marshall Keller. La mise en couleurs a été réalisée par Kristina Collantes.



Ce tome commence là où s'était arrêté le précédent. Bobby vient de conclure un contrat avec Abe à Oaklands. Le gang des Humains se charge de convoyer 2 camions transportant de la drogue vers la ville voisine. Karns & Crispin ouvrent la route. Johnny est à côté du camion, avec quelques autres bikers. Nada & Marra ferment la route avec Bobby. L'un d'entre eux se détache du groupe et effectue une manœuvre de diversion pour détourner l'attention d'une patrouille de police en attente (il pisse sur le pare-brise de leur voiture). Malheureusement, le convoi est attaqué en route par un autre gang.



Une fois rentrés à leur base, les Humains fêtent la victoire au bar du coin. De son côté, Johnny a décidé de se rendre à Oildale pour retrouver Peggy son ancienne copine, avant qu'il ne parte pour le Vietnam. Bobby le fait accompagner par Crispin, au cas où. Malheureusement, l'un des motards des Humains a vendu la mèche à Abe. Ce dernier passe un pacte avec le gang des Skabbs qui souhaitent se venger et reprendre le business à leur compte. L'affrontement est inéluctable et il sera sans pitié.



Sous une couverture assez laide, le premier tome finissait par emporter l'adhésion du lecteur. Les auteurs jetaient un regard assez noir sur ces bikers et les femmes gravitant autour, avec une bonne dose de drogues récréatives, un mal être sous-jacent, particulièrement intense pour Johnny suite à ce qu'il avait vécu au Vietnam pendant la guerre. L'artifice de mettre en scène des singes, et de ravaler les humains au rang d'animaux domestiques créait un décalage contraignant le lecteur à regarder d'une autre manière le comportement de ces singes dotés de raison, à considérer avec un regard neuf leur société (identique à la nôtre). Le lecteur retrouve ce dispositif à l'identique pour cette deuxième partie, avec le même degré d'efficacité pour ce décalage simiesque. Certes ces singes se vêtissent comme des humains (certains portent même des bottes, les empêchant d'utiliser la possibilité de préhension avec les pieds). Du coup, individus mâles et femelles perdent toute aura de séduction. Le lecteur ne peut pas se sentir attiré par ces stripteaseuses avec des gueules de macaques ou de chimpanzés. Il subsiste une barrière pour qu'il puisse se projeter dans les personnages masculins. Effectivement le scénariste raconte plutôt une histoire de mecs à haute teneur en testostérone. À nouveau le recours à des singes lui permet de ne pas trop attirer l'attention sur la condition des femmes dans ce milieu.



Malgré cette barrière visuelle, le lecteur peut ressentir les états d'esprit des principaux personnages et éprouver une forme d'empathie. Comme dans le premier tome, le lecteur peut ressentir la sensation que l'artiste se heurte parfois à ses limites techniques, soit dans des perspectives un peu forcées, soit dans des décors absents, ou pas toujours convaincants, un peu trop simples. Certes Tom Neely dessine bien les motos, ce qui est important vu le nombre de bikers à chaque page. Il a aussi trouvé un compromis convaincant pour l'anthropomorphisation des singes, assez humains pour qu'ils puissent utiliser des motos, pour s'habiller, pour se comporter comme des humains. Ce point est important pour que le lecteur puisse se reconnaître un minium dans ces personnages. Indépendamment de la précision fluctuante des arrière-plans (quand ils sont présents), cet artiste sait transcrire les environnements propres aux États-Unis. Le lecteur contemple ces diners servant une bouffe quelconque, ces façades un peu glauques dans des quartiers laissés à une frange de la population en marge de la bonne société, ces énormes autoroutes à 2 fois 3 ou 4 voies qui traversent d'immenses étendues sauvages. Il pénètre dans des bars pas très fréquentés, à la lumière trop faible pour mettre en confiance, avec des femmes qui dansent sur scène, en se déshabillant.



Tom Neely dessine une violence crue, sans afféterie, en phase avec la nature animale des personnages. La cervelle gicle, les plaies sont béantes, le sang coule, et quelques mètres d'intestin se retrouvent à l'air. C'est une violence très graphique, mais sans aucune recherche d'esthétisation, sans forme de romantisme. Les combattants sont entièrement dans le moment présent à se livrer à leur vengeance ou à leur attaque avec une brutalité animale. L'artiste en profite pour intégrer un peu de gore, et un peu de dérision (par exemple un globe oculaire violemment éjecté de son orbite). Ce mélange d'approche prosaïque, d'intensité des personnages, de dessins un peu hésitants aboutit à une représentation de la violence qui conserve toute sa brutalité, sans jamais paraître séduisante. L'esprit du lecteur reste focalisé sur les gestes barbares perpétrés, sans prendre de plaisir à ce qui est montré car ce n'est pas montré comme un spectacle. Le côté flirtant avec l'amateurisme empêche également de transformer ces séquences en quelque chose de trop réel, de trop immonde. Du coup, la séquence montrant un écartèlement (et même deux) conserve la barbarie de l'acte, sans être pour autant écœurante.



L'artiste doit également représenter des scènes d'action, par exemple le convoi attaqué par un autre gangs de bikers. La mise en scène permet de bien comprendre ce qui est en train de se passer, qui fait quoi à quel endroit. Il utilise quelques raccourcis graphiques (comme de petites silhouettes en train de bondir partout), et il montre que les singes ont conservé toute leur agilité. Contre toute attente ce mélange improbable fait sens visuellement et donne des scènes pleines de suspense. Neely représente également les différents personnages en train d'interagir, ou se livrant à des actes moins violents. Le lecteur avait déjà constaté que le ton de la narration graphique s'inscrivait dans une tradition underground, où les actes sont montrés sans fard, y compris la copulation, ou le striptease. L'épisode 3 est construit sur un contrepoint entre un raid violent sur un bar, et une copulation entre Johnny et sa copine. De la même manière que la matière cervicale est montrée quand un personnage se prend une balle en pleine tête, le rapport sexuel est montré dans le détail, y compris jusqu'à la pénétration. Là encore, le lecteur perçoit ces actes comme des faits, débarrassés de leur potentiel de séduction, ou d'excitation. Il voit qu'il existe un sentiment fort entre les 2 amants, mais l'érotisme est totalement absent de cette représentation.



Keenan Marshall Keller poursuit son évocation des États-Unis des années 1960, dans les environs d'Oakland en Californie. Il est donc question de trafic de drogues, de motards, et d'un vétéran du Vietnam. Le trafic de drogues fournit une assise pour l'intrigue, avec règlement de comptes entre bikers pour savoir qui emportera le marché. Le lecteur voit même passer une feuille de petits buvards, des papiers imbibés de substances psychoactives, une forme de prise en vogue à l'époque. Également en cohérence avec les pratiques de l'époque, certains d'entre eux sont des consommateurs habituels, régulièrement défoncés pour mieux supporter une réalité où l'espoir est une denrée rare. Par contre, il n'y a pas de représentants du Flower Power gravitant dans cette communauté. Le gang de motards des Humains constitue une petite communauté, avec un fort attachement à leur bécane, un blouson sans manche avec un patch à leur couleur, et une attitude machiste assumée. Les femmes n'ont pas le beau rôle, elles servent essentiellement d'objet de plaisir pour les hommes, même Peggy (dingue de son mec) pour Johnny.



Dans ce tome, le scénariste donne plus d'importance à son intrigue et à l'accomplissement de la vengeance, qu'au personnage de Johnny. Dans le tome précédent, ce dernier était établi comme un individu ayant rapidement abandonné le système scolaire, pour vivre de combines, avec les Humains, sous les ordres de Bobby. Il avait réalisé son service au Vietnam, ce qui avait contribué à lui mettre encore plus la tête à l'envers, avec une pulsion d'autodestruction renforcée. Cette dernière est à nouveau évoquée dans ces épisodes, mais plus comme un ressort dramatique, que pour servir d'étude de caractère. Le lecteur en apprend un tout petit peu plus sur ce qu'a vécu Johnny pendant la guerre, mais il s'agit d'une séquence uniquement. Keller s'attache plus à montrer comment ce traumatisme nourrit sa fureur, sa soif de vengeance, sa pulsion de mort (prêt à foncer tête baisser pour tuer le plus possible d'individu, sans s'inquiéter de ce qui lui arrivera vraisemblablement).



En termes d'intrigue, le scénariste utilise les conventions de ce genre de récit : hommes vraiment virils, trahison pour des raisons mesquines, honneur devant être lavé, démonstration de bravoure inconsciente, affrontements avec armes à feu et armes blanches. À nouveau le parti pris de mettre en scène des singes anthropomorphes plutôt que des êtres humains évite de transformer ces boucheries en quelque chose de séduisant (même de manière perverse). Le lecteur reste à une distance suffisante pour considérer les actions, voir leur brutalité dépourvue de romantisme, les contempler pour ce qu'elles sont : des comportements animaux sans culture ni sentiments humains. Il reste quelques pointes d'humour, soit très noir lors des affrontements, soit sexiste (à commencer par les incroyables slogans sur les teeshirts successifs du Doc, ayant tous trait au calibre de son engin), soit crade (un singe en train de pisser sur le pare-brise d'une voiture de police).



Tom Neely et Keenan Marshall Keller maintiennent le ton irrémédiablement incorrect de leur narration, tant sur le plan visuel qu'en ce qui concerne l'intrigue, avec de la violence et du sexe très graphiques. Leur parti pris de mettre en scène des singes anthropomorphes en lieu et place d'êtres humains fonctionne très bien, conservant une distance entre les personnages et le lecteur, incitant ce dernier à considérer les actes et les comportements avec du recul. Néanmoins, en termes graphiques, le lecteur a l'impression que l'amateurisme n'est pas très éloigné et que la fougue ne compense pas toujours. En outre le récit se focalise plus sur l'intrigue et moins sur la personnalité des protagonistes que dans le premier tome.
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The Humans, tome 1

Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il contient les épisodes 0 à 4, initialement parus en 2014/2015, écrits par Tom Neeley, dessinés et encrés par Keenan Marshall Keller. La mise en couleurs a été réalisée par Kristina Collantes.



Épisode zéro – En 1969, un gang de bikers (des singes dotés de conscience) se dirige vers un rade paumé en lisière du désert en Californie. Il s'agit du Gang des Humans, et lorsqu'ils arrivent à destination, ils se heurtent à un autre gang (les Skabbs), une violente baston s'en suit.



Épisodes 1 à 4 – Le récit commence le 22 septembre 1970 en Californie. Le gang des Humans est réuni au cimetière pour l'enterrement de Mojo (Marvin Hopper). C'est le moment que choisit le gang des Skaggs pour les attaquer, mais ils repartent la queue entre les jambes. Le lendemain de la veillée funèbre (soirée et nuit de beuveries), Johnny est de retour, il revient de la guerre du Viet-Nam. Ça tombe bien parce que Bobby avait besoin d'un second qui n'a pas froid aux yeux pour négocier le deal avec Abe à Las Vegas, à l'occasion d'un combat d'êtres humains.



À la vue de ce tome sur le présentoir, le regard du lecteur passe immédiatement au suivant : couleur de fond moche, graphie difficile à lire, dessin grotesque fleurant l'amateurisme. Si pour une raison incompréhensible (du genre : "c'est quand même une nouveauté Image Comics"), il l'ouvre quand même, il découvre un premier épisode en noir & blanc avec des dessins ayant une apparence de pas fini et d'approximatif, suivi de 4 épisodes en couleurs aux dessins peu agréables à la vue, et des singes qui ressemblent plus à des humains qu'à leur modèle naturel. Mais, bon, ça ne coûte que $9,99 et une ou deux situations sont trop grotesques pour être inoffensives.



En feuilletant avec un peu plus d'attention, le lecteur constate que les auteurs n'ont peur de rien : baston au surin entre gangs, loubard se faisant tailler une petite pipe au cimetière pendant la cérémonie d'enterrement, quinquagénaire arborant un T-shirt avec l'inscription "Elle ne va pas se sucer toute seule" avec une flèche pointant vers son bas ventre, êtres humains se battant tout nu dans une fosse, les bijoux de famille à l'air, etc. D'un côté on peut reprocher à Neeley et Keller d'avoir trop humanisé leurs singes, de l'autre on comprend qu'ils aient préféré ce subterfuge pour raconter leur histoire et ainsi contourner la censure.



Pour bien comprendre l'état d'esprit du récit il suffit de lire la première recommandation en quatrième de couverture : "un comics pour nous les fans des Cramps et des films de Russ Meyer" (voir Flamejob et The Russ Meyer collection - 18 uplifting classics). Bienvenue chez les corniauds, les loubards et les trafiquants.



Effectivement, une fois plongé dans le récit, le lecteur découvre une narration sans pitié ni hypocrisie. Les dessins ne sont pas plus jolis. Certaines perspectives semblent dictées par le manque de savoir-faire du dessinateur. Les expressions des visages manquent de nuance (d'un autre côté, pas facile avec des babines retroussées puisque cette Terre est peuplée de singes dotés de conscience, et que les humains sont des bêtes sans conscience). Les singes ont une morphologie très humaine. Le langage corporel est souvent équivoque, et parfois raide.



Pourtant ces dessins portent bien la narration. Ils permettent de voir ce que ne disent pas les dialogues. Ils recréent l'époque et l'endroit avec assez de conviction, en particulier les superbes tenues vestimentaires à tendance hippie. Les personnages ont tous des tronches pas possibles. Pour résumer, les dessins de Keenan Marshall Keller ne présentent pas la rigueur académique habituelle, ni même le niveau de compétence des comics de superhéros. Mais ils compensent largement ce manque de technique par un ton parfaitement raccord avec la nature du récit.



Au départ, le récit de Tom Neeley ressemble à une simple histoire de loubards vivant de trafics et de protection, dans l'ouest des États-Unis. Le recours aux singes anthropomorphes permet au scénariste de mettre en scène des comportements phallocrates, virils, bêtes et méchants, sans craindre de froisser le lecteur puisqu'il s'agit de singes. Les humains sont relégués au rang de simples animaux sans cervelles, exploités comme des chiens. Cette inversion dans l'ordre naturel des espèces produit son petit effet : une critique de l'exploitation des animaux par les êtres humains.



Au-delà de cet effet basique (mais bien utilisé), l'emploi des singes permet à Tom Neeley de ne pas prendre de gant dans sa manière de décrire le comportement des individus. C'est dans cette optique que la recommandation de la quatrième de couverture prend son sens. Sans être idiots ou abrutis, les personnages évoluent dans une société en marge de la société "normale", avec une forme accentuée de libération des mœurs, mais pas forcément impossible à croire. Le gang des Humans forme une communauté crédible, avec un mode de vie alternatif.



L'usage de singes permet également à Neeley de mettre en scène les symptômes post traumatiques de Johnny (vétéran du Vietnam) d'une manière imagée et très vivante. Même les dessins de Keller se font plus psychédéliques rendant bien compte du déséquilibre mental de Johnny, soumis à la remontée de souvenirs traumatisants. Finalement la première impression est juste, et cette apparence d'amateurisme (pas que de l'apparence) fait sens dans le cadre de la narration, de ce groupe d'individus ayant créé une communauté en marge. Les auteurs utilisent avec intelligence la liberté que leur donne l'utilisation des singes pour mettre en scène des séquences choquantes (y compris des sexes en érection), et des individus perturbés faisant de leur mieux pour gérer leurs troubles.



Il faut que le lecteur accepte le choix esthétique fait par les auteurs pour pouvoir découvrir un récit plus intelligent et plus sensible que prévu, qui s'appuie sur une intrigue à base de bikers et de trafics de substances psychotropes. À plusieurs reprises, l'aspect esthétique tranché sert la narration mieux que ne l'auraient fait des dessins plus aboutis. Parois, ils montrent leur limite, en particulier quand le récit demande des images plus détaillées et plus réalistes (cela justifie de mettre 4 étoiles au lieu de 5).
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