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Citation de LydiaB


« Où est Leslie ? » demandai-je en revenant près de la table.
Chacun se retourna et regarda.
« Personne ne l'a vue ? »
A cet instant précis, un RRIIIIIIP retentissant jaillit des profondeurs de la bibliothèque. Contournant les étagères, je plongeai dans un des passages longs et étroits qui la parcouraient. Leslie était assise tout au fond du passage. Une pile entière de revues déchirées à ses côtés. Quand elle m'aperçut, elle me regarda droit dans les yeux et arracha d'un périodique une longue bande de papier.
« Eh bien, Mademoiselle, que se passe-t-il par ici ? » dis-je, en la remettant sur ses pieds. Des fragments de La psychologie contemporaine voletaient autour de nous.
« Ce n'est pas à cela que servent les revues. »
Leslie lança un regard menaçant, non pas à mon intention mais simplement droit devant elle. Son front se plissa. Ses sourcils se joignirent en une ligne sinistre.
« Va chercher la corbeille à papier, Leslie. Nous allons nettoyer tout ceci. »
Son front se plissa davantage.
« Vas-y. Immédiatement. »
« Non ! » hurla-t-elle, et elle partit en courant le long du passage, les bras tendus, provoquant la chute de tout ce qu'elle touchait. A l'extrémité de l'allée, elle s'empara de tout ce qui était à sa portée et le lança dans toutes les directions.
J'enjambai ce qui encombrait le passage et l'attrapai. Elle poussa un cri perçant d'une intensité inattendue, se contorsionna et enfonça avec force ses dents dans ma main. Je lâchai prise, plus sous l'effet de la surprise que de la douleur.
Leslie avait disparu à l'intérieur de la classe.
Essuyant ma main ensanglantée sur mon jean, je m'élancai à sa poursuite. Tout ce qui se trouvait sur son passage, elle le jeta à terre. Feuilles d'exercices, livres, manteaux, matériel de dessin, tout alla s'écraser sur le sol. Dans un élan final, je mis la main sur elle, dans un recoin de la classe, en l'attrapant par ses vêtements. Empoignant le dos de sa blouse, je la soulevai dans les airs et, la ligotant solidement de mes bras, m'affaissai au sol.
Elle ne cria pas. Ne pleura pas. Elle lutta. Grogna. Hoqueta. Se débattit. Gigota. Se trémoussa. Elle s'obstina, et s'obstina, dans l'espoir de briser mon étreinte. Je l'enveloppai davantage, relevant mes genoux afin de la serrer tout contre moi. Finalement, épuisée, elle se laissa aller. Alors, je lâchai prise et elle s'écroula par terre. Elle resta couchée, haletant bruyamment, la face tournée contre la surface brun et blanc du linoléum.
Je me relevai et me dirigeai vers la chaise de repos, un grand siège en bois, qui se trouvait au fond de la classe. En général, j'y envoyais les enfants qui avaient fait une crise de colère. « Leslie, viens t'asseoir ici », dis-je.
Elle leva les yeux vers moi. Je savais qu'elle était en train d'évaluer la situation. Finalement, elle se releva et s'approcha sans qu'il eut été nécessaire d'insister.
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