AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de sebthoja


Fabien revient, des bières fraîches à la main. Dans ce cadre familier, je me hasarde à lui poser quelques questions sur sa relation à son travail et les raisons qui l'y font rester depuis dix ans.
– J'avais eu mon bac ES. Et puis, j'ai fait une année de maths à Lille 3, à la fac. J'ai eu mon premier semestre, pas l'autre. J'ai arrêté. Et mon père m'a dit : « Je veux bien t'arrêtes mais pas que tu restes à rien faire. » Alors, deux mois après, j'étais chez Toyota.
Puis, la rencontre avec sa compagne, leur désir d'enfant, l'achat de la maison l'ont peu à peu ancré dans cet emploi devenu durable qu'il n'aime évidemment pas, qui l'empêche, dit-il, de penser. Il sourit en clignant de l'œil.
– Des fois maintenant, je fais des fautes de conjugaison. Ma femme me dit : « Bah, qu'est-ce-qui t'arrive ? » Avant, c'est moi qui corrigeais ses fautes, là, c'est l'inverse...
Sur l'écran, la France vient de marquer un second but, celui de la victoire. Matteo a regagné sa chambre car il doit se lever tôt le lendemain. Son petit ballon de foot est resté au milieu du salon. Au grand dam de sa femme, Fabien a repris la clope. Il en allume une, emplissant l'espace de ses volutes de fumée. L'œil fixé sur l'écran, il soupire doucement.
– Putain, heureusement que j'ai ma femme et mon fils.

Pages 260-261, Les Arênes, 2017.
Commenter  J’apprécie          212





Ont apprécié cette citation (18)voir plus




{* *}