Violence et mort à l'horizon onirique de cet univers aussi inquiétant qu'excitant, Éros et Thanatos cette fois volontairement mêlés pour que s'opère l'alchimie d'une extase hors normes...
Vision de silhouettes félines moulées dans le latex sombre, sanglées de cuir, enchaînées, suppliciées ou maniant avec dextérité les instruments de l'étrange délire, fouets et badines, cravaches et couteaux... Et les bourreaux adorés de dispenser la jubilatoire et terrible Petite Mort que l'on ne cesse de réclamer et d'espérer...
La Petite Mort, qui préfigure et apprivoise sa sœur aînée... Flirter avec la grande Faucheuse et, pour cette fois, échapper au couperet...
En de telles circonstances, il s'agit moins de se laisser dominer par l'Autre que par ses propres pulsions. Et le fantasme n'implique pas le moins du monde la volonté d'un passage à l'acte véritable... En réalité, la « victime » choisit son bourreau et les douces cruautés qui lui sont infligées, n'en déplaise aux Nouvelles Victoriennes, convaincues que l'abandon de la femme « soumise >> relève d'une fascination malsaine pour le sadisme -qui, bien entendu, ne peut qu'être masculin - et encourage les pires dérives pornographiques...
Mais la fantasmatique échappe invariablement à la malédiction de la culpabilité. Elle s'éveille de l'inconscient pour modeler la personnalité, lui donner sa spécificité et surtout, lui offrir la possibilité de s'évader du réel dans un espace recomposé par le désir.
Le Désir hors la loi, hors de portée des dicta- tures ou des dogmes, se joue des paradoxes, se nourrit d'interdits, et décline sur le mode fusionnel la rencontre avec autrui, sans considération de sexe, de race, d'appartenance sociale ou culturelle.
C'est cette pureté-là qui échappe définitivement aux puritains, figés dans leurs pseudo-certitudes...
Une pureté qui a trouvé sa vérité, dans le changement perpétuel, au gré des mille et une figures amoureuses...