Vingt-trois moments de l’embouchure
RIEN CE MATIN. LA TÊTE LOURDE COMME LE CIEL…
Extrait 2
Dans le creux, les arbres s’agitent d’impatience : étoiles vert sombres des figuiers trapus, hampes larges des bananiers, houppes grèges des roseaux, palmes, langues fatiguées des cactus. Tout jaillit et retombe mollement. Puis soudain le ciel se déchire. Les blancs se font violents, les ocres rougeoient. Deux jeunes filles très brunes, l’une en rose, l’autre en bleu, viennent asseoir leurs formes longues sur le parapet. Elles jouent de leur profil, sourient, s’amusent de quelques fourmis sur la pierre chaude. Odeur d’urine (et) de plantes grasses. Les pêcheurs arrivent, les volets s’ouvrent, la vie amorce lentement ses gestes. La marée remonte le fleuve. La pose/pause est terminée.