LE MONDE EST UN BUISSON PLEIN DE REGARDS CACHES
Les bêtes sont là, incorporées au paysage, accordées à son mystère.
Pendant des années, nous avons voyagé dans les immensités, ignorant leurs veilles.
Nous ne savions pas que des yeux nous voyaient.
Nous circulions scrutés, sans nous douter de rien.
Nous courions les montagnes sans connaître les bêtes.
Nos gestes étaient enregistrés par leurs patrouilles de vigies immémoriales.
Le sauvage, c'est ce qui vous regarde quand vous vous croyez seul.
Un jour nous nous calmâmes et dans les rochers restâmes à l'affût.
Par la contemplation, nous nous acquittions de notre indifférence.