JE SUIS NE EXILE
Pour ces millions d'êtres -en périphérie-, au-delà des cercles de la richesse et même de la suffisance, l'exil est une donnée immédiate de l'existence. (...)
Ainsi s'élève la voix si profondément humaine et juste de Mahmoud Darwich s'entretenant avec la poétesse israélienne Helit Yeshurun : " On peut dire de tous mes écrits qu'ils sont une poésie d'exilé. Je suis né exilé. L'exil est un concept très vaste et très relatif. Il y a l'exil social, l'exil familial, l'exil dans l'amour, l'exil intérieur. Toute poésie est l'expression d'un exil ou d'une altérité. Lorsqu'elle correspond à un vécu réel, c'est un exil concentré, comprimé. Je trouve l'exil dans chacun des mots que je cherche dans mon lexique. Mais je ne m'en plains pas. Après tout, l'exil a été très généreux pour mon écriture. Il m'a donné la possibilité de voyager entre les cultures, entre les peuples. [...] Sur cette planète nous sommes tous voisins, tous exilés, la même destinée humaine nous attend, et ce qui nous unit est le besoin de raconter l'histoire de cet exil. " (p. 111)