Thomas Andreasson toucha précautionneusement l’épaule de Pernilla. Elle s’était endormie dans le canapé, la tête contre le large accoudoir. Sa bouche était entrouverte, mais elle ne ronflait pas : elle lâchait de petits soupirs à intervalles irréguliers.
« Pernilla ? dit-il en l’effleurant à nouveau. Tu ne ferais pas mieux d’aller te coucher, plutôt que de dormir devant la télé ? »
Elle ouvrit lentement les yeux.
« Il est presque minuit, dit Thomas. Ça fait un bon moment que tu dors.
– Comment s’est fini le film ? bâilla Pernilla en passant une main dans ses cheveux roux en bataille.
– Comme d’habitude, évidemment. Les bons ont gagné, les méchants ont eu ce qu’ils méritaient. Rien à voir avec la réalité. »
Ce devait être une boutade, mais il entendit lui-même l’amertume de sa voix. Pernilla se redressa et lui caressa la joue.
« C’est ce que tu ressens ? »
Sa main resta sur sa joue. Elle s’était inquiétée pour lui au cours du printemps, Thomas ne l’ignorait pas.
Il haussa les épaules. Ces mots lui avaient échappé, sans arrière-pensée, et il n’avait pas envie d’en parler davantage, en tout cas pas à une heure pareille.