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Citation de Cielvariable


Il possédait sa forme depuis deux cents millions d’années, n’avait jamais été exposé à la lumière du jour et ressemblait pourtant à une goutte de soleil distillé.

Il avait été engendré sous des températures proches de celles qui règnent à la surface du Soleil, dans les profondeurs infernales du magma en fusion qui sourd du noyau de la Terre.

Cette chaleur terrifiante en avait brûlé toutes les impuretés, n’avait laissé que les atomes de carbone à l’état pur. Soumis à des forces inimaginables, ces atomes avaient été comprimés jusqu’à atteindre une densité supérieure à celle de toute autre substance naturelle.

Portée à travers une des failles de la croûte terrestre par la lente progression de la lave, la minuscule bulle de carbone liquide avait presque atteint la surface quand le flot de lave s’était figé.

La lave s’était refroidie au cours du millénaire suivant et avait pris la forme d’une roche bleuâtre tachetée, composée de gravier aggloméré en une matrice solide. Cette formation était naturellement dissociée de la roche qui l’entourait et se limitait à un puits circulaire – l’ouverture de ce puits, en entonnoir, atteignait presque un kilomètre et demi de diamètre et son fond se perdait dans les abysses de la Terre.

Pendant que la lave se refroidissait, la bulle de carbone subissait une transformation plus extraordinaire encore. Elle se solidifiait en un cristal à huit faces, géométriquement symétrique, de la taille d’une figue verte, si complètement débarrassé de ses impuretés dans la fournaise du centre de la Terre qu’il était aussi transparent et pur qu’un rayon de soleil. Les pressions auxquelles il avait été soumis avaient été si terribles et constantes, son refroidissement si régulier, qu’il ne présentait pas la moindre fissure.

Ce parfait morceau de feu refroidi était d’une telle blancheur qu’il eût semblé bleu à la lumière, mais il n’avait jamais resplendi. Il était resté piégé dans une obscurité totale pendant une éternité et jamais la moindre lueur n’avait pénétré ses profondeurs lumineuses. Pendant ces millions d’années, la lumière du soleil n’avait été éloignée que de quelque soixante mètres seulement, une fine pellicule de sol en comparaison des abîmes où avait commencé son voyage vers la surface.

Depuis quelques années – un instant en temps géologique –, cette couche de sol était creusée petit à petit, véritable travail de fourmi accompli par une colonie de créatures vivantes.

Leurs ancêtres n’étaient pas encore apparus sur Terre lorsque ce pur joyau avait pris sa forme définitive, mais à présent leurs outils de métal déclenchaient de légères vibrations à l’intérieur de la roche demeurée si longtemps en repos, et chaque jour ces vibrations devenaient plus fortes à mesure que la couche de sol entre elle et la surface diminuait. Son épaisseur était passée de soixante à trente puis à quinze mètres, et ensuite de trois mètres à soixante centimètres. Vingt centimètres à peine séparaient maintenant le cristal de la lumière du soleil qui donnerait vie à ses feux encore éteints.
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