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Citation de rkhettaoui


vrai dire, je ressentais la même chose au tréfonds de mon être ; c’était en quelque sorte comme si nous connaissions les moindres habitudes et dispositions d’esprit de l’autre, et découvrir tout ce que nous avions en commun fut une source de joie intarissable. Rien ne nous surprenait cependant, si ce n’est de trouver ces révélations agréables totalement naturelles. J’avais conscience que ma chère cousine avait été plus que tout impressionnée par la façon dont j’étais si facilement venu à bout des trois bandits de grand chemin. Elle me demanda sans détour si je n’étais pas un nouvel Hercule, et quand un orgueil fort compréhensible m’incita à en rire, elle tâta un de mes bras pour se faire une idée plus précise de ma musculature. Un bras qu’elle lâcha très vite en hoquetant après avoir constaté sa fermeté. Puis elle resta à mes côtés sans mot dire, pensive, sans plus s’écarter de moi. Mais si ma force était pour elle à l’origine de grands émois, j’étais pour ma part ébahi et émerveillé par la beauté qu’elle avait exhibée de façon absolument exquise tout au long du dîner, à la lueur des chandelles. Et les jours à venir me réservaient une abondance d’autres plaisirs. J’alimentais mon bonheur de la façon dont elle prenait plaisir aux mystères du soir, au charme des nuits, à la joie de l’aube, et dans toutes les choses semblables. Et ce premier soir, des moments qui resteront à jamais gravés dans ma mémoire, alors que nous nous promenions sans but dans le parc, elle laissa échapper — l’esprit ailleurs — que c’était une nuit pour les elfes. Elle s’interrompit aussitôt, comme convaincue que je ne pouvais la comprendre, alors qu’il s’agissait d’un de mes thèmes de rêverie de prédilection… Ce qui me permit de lui répondre très posément que la tour du Sommeil croîtrait très certainement et que je sentais tout au fond de moi-même que toutes les conditions requises étaient réunies pour permettre la découverte de la tombe des Géants, de l’arbre à la Grande Tête peinte ou… Je m’interrompis car elle m’avait agrippé le bras avec des mains tremblantes ; mais, lorsque je voulus lui demander de quoi elle souffrait, elle m’ordonna en un souffle de ne pas m’arrêter. Sans trop comprendre de quoi il retournait, je déclarai que je n’avais voulu parler que du jardin de Lune, un très vieux fruit de mon imagination. Lorsque j’eus tenu ces propos, lady Mirdath cria quelque chose d’une voix étrange et basse, puis elle m’imposa de m’arrêter pour pouvoir me faire face. Après quoi elle m’interrogea avec gravité, et je répondis à ses questions avec un sérieux égal au sien. Je me sentais soudain surexcité, car j’avais la conviction qu’elle connaissait, elle aussi, ce lieu imaginaire. Elle me déclara qu’il lui était familier mais qu’elle avait cru être la seule à connaître cette étrange contrée onirique. Je découvrais que j’avais parcouru en rêve les mêmes pays qu’elle. C’était merveilleux… absolument merveilleux ! Ce qu’elle me répéta maintes et maintes fois. Puis, tout en marchant, elle précisa que c’était une mystérieuse force intérieure qui l’avait incitée à m’appeler, plus tôt cette nuit-là, lorsqu’elle avait vu que je m’arrêtais sur la route. Elle considérait que ce n’était guère surprenant. Informée depuis longtemps de notre lien de parenté, elle m’avait souvent vu passer à cheval et s’était renseignée à mon sujet. Peut-être avait-elle trouvé irritant de constater que je faisais si peu cas d’elle. Mais, ne l’ayant pas encore rencontrée, j’avais alors bien d’autres choses à l’esprit.
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