Débarrassé de son badge d'accès et de son titre ronflant, salué par la foule et remercié par tous, Mathis avait eu la méchante sensation de se retrouver à poil. Nu comme un ver sur cette esplanade mille fois parcourue.
Un carton dans les bras, au fond duquel il avait empilé quelques conneries totalement inutiles. Une photo antédiluvienne d'une époque révolue, vestige de son ascension. Il posait avec fierté, le sourire carnassier. Costume cintré et sombre, chemise virginale mettant en valeur une cravate chamarrée, du plus bel effet. A côté du cadre, un trophée du pro de l'année offrait sa désuétude et un mug, sale, vantant les mérites fondateurs de la société.
Il allait devoir prévenir Marie. Tout cela était allé si vite. Il n avait pas encore trouvé le moment de lui avouer.