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Citation de Paroledunelivrophage


Leurs mouvements étaient naturellement empreints d’une grâce féline tandis qu’ils dévoilaient peu à peu leur anatomie, en un numéro qui imitait à merveille celui d’une troupe de stripteaseurs. Numéro destiné à Yseult… qui, à leur intense stupéfaction, ne leva pas les yeux de son livre. Pourtant elle les avait vus, et elle aurait menti en disant que les voir se déshabiller pour apparaître en maillot de bains la laissait indifférente, mais elle s’était promis de faire comme s’ils n’existaient pas, et elle avait bien l’intention de tenir cette promesse. Elle inclina un peu plus la tête pour se dissimuler davantage derrière l’écran de ses cheveux, ce qui l’empêcha de remarquer les regards mi- surpris, mi- vexés que les jeunes gens se jetèrent les uns aux autres. Décidant d’employer une méthode plus énergique pour se faire remarquer, Faolan feignit de jeter son jean trop loin, ce qui le fit atterrir sur le parasol d’Yseult à la place des rochers où les autres avaient posé le leur. Prise par surprise, la jeune femme sursauta, leva les yeux… et se retrouva face au sourire ravageur de Faolan, qui s’était agenouillé devant sa serviette :

« Désolé, fit-il en braquant ses yeux bleu glacier dans les siens, je crois que j’ai surestimé ma force…

-Et ta modestie, tu la surestimes aussi ? Je veux juste avoir la paix, OK ? »

Les mots avaient jailli tout seuls, sans qu’Yseult ne les prémédite une seule seconde, et elle fut tout aussi surprise que son vis-à-vis. Un instant déconcerté, Faolan ne tarda pas à se reprendre et reprit d’une voix caressante :

« Allons, il fait trop beau pour rester sous un parasol… Viens plutôt t’amuser avec nous…

-On n’a peut-être pas la même définition du mot s’amuser… En ce qui me concerne, lire me convient très bien. Et je ne suis pas réputée pour être sympa quand on m’empêche de lire.

-Lire, on peut le faire dans un fauteuil ! La plage, c’est fait pour s’amuser, rencontrer des gens.

-Qui te dit que j’ai envie de rencontrer des gens ?

-Personne n’aime rester seul.

-Moi si.

-Oh, allons… Ne me fais pas croire ça…

-Mieux vaut être seul que mal accompagné.

-Aucune fille ne s’est jamais plainte de ma compagnie… »

L’alarme qui s’était tue retentit à nouveau dans la tête d’Yseult, plus puissante que jamais. Elle revit soudain Charles, son ex-petit ami, Charles qui avait feint durant des mois d’être amoureux d’elle, Charles qui lui tenait le même genre de propos suffisants, Charles qui l’avait trahie de la plus ignoble des façons, s’était moqué d’elle en compagnie de ces filles super sexy avec lesquelles il la trompait sans vergogne, la traitant de petite intellectuelle sans attraits et mal fagotée, juste bonne à lui faire la popote et à s’occuper de sa lessive. Charles qui avait quand même fait une drôle de tête lorsque ses possessions avaient volé par la fenêtre de l’appartement d’Yseult et qu’il avait trouvé les serrures changées. Car si elle avait été trop confiante, la jeune femme n’était pas pour autant faible, et ses colères étaient en général dévastatrices.

Et là, soudain, sur cette plage jusque-là si tranquille, la rage et l’humiliation revinrent en force. Le discours de Faolan lui rappelait celui de Charles, et avant qu’elle ne prenne conscience de ce qu’elle faisait, elle leva la main et le gifla avec toute la violence dont elle était capable :

« Dans ʺje veux juste avoir la paixʺ, qu’est-ce que tu ne comprends pas, exactement ? Je suis venue ici pour être tranquille, et je n’ai vraiment, vraiment pas envie de tailler une bavette avec le premier bellâtre qui passe ! »




Le sang battait à ses tempes lorsqu’Yseult se leva. Aveuglée par la fureur, elle rassembla ses affaires avec brusquerie, les jeta n’importe comment dans son sac et s’éloigna à grands pas, laissant sur place un Faolan interdit, qui n’avait même pas eu le réflexe de porter la main à sa joue brûlante. Elle entendit cependant une voix crier au jeune homme :

« Râteau ! »

La suite de la conversation, par contre, lui échappa totalement. Faolan, l’air toujours ahuri, s’était levé pour faire face au rieur :

« Qu… quoi ?!

-Tu viens de te prendre le râteau du siècle, mon vieux…

- Mêle-toi de tes affaires !

-Suffit, les roquets ! »

L’intervention de Duncan ramena aussitôt le calme entre Faolan et Ciaran. Le leader s’avança de quelques pas et suivit Yseult d’un regard pensif :

« Ce n’était pas toi qu’elle a frappé, Faolan…

-Ah bon ? C’est curieux, j’ai pourtant bien l’impression que c’est moi qui ai la marque des cinq doigts de sa main droite sur ma joue…

-D’accord, c’est toi qui a pris physiquement une claque, mais dans sa tête ce n’était pas toi qu’elle frappait.

-Tu peux être plus clair, là ? grimaça Corin.

-Non, je ne peux pas. Je ne suis pas dans sa tête, mais je sais qu’elle est à vif. Et qu’aucun de vous n’a de chances de la séduire.

-Il fallait le dire, que tu te la réservais, fit Aloys en haussant les épaules, aucun d’entre nous ne prendra le risque de chasser sur tes terres, tu le sais bien.

-Non, répondit Duncan en suivant des yeux la petite silhouette qui s’éloignait, non, je ne me la réserve pas… Vous pouvez continuer votre pari stupide si ça vous chante, mais moi je suis prêt à parier que vous vous casserez les dents. »

L’attention du jeune homme tomba par hasard sur Aymeric, qui suivait la progression de l’inconnue, mâchoires crispées et regard sombre, et il ajouta à voix basse, plus pour lui-même que pour les autres :

« Oh non, quelque chose me dit qu’elle n’est pour aucun de vous… »
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