Yves Bertrand (II)

Douze femmes hors du commun est un essai intéressant, engagé et féministe. Je remercie Babelio et les éditions Chronique Sociale pour cette découverte.



Cet essai présente des femmes de l'Antiquité et du Moyen-Age qui sont résolument modernes mais généralement peu connues. Ce sont des femmes qui sont sorties du rôle qu'on leur a assigné et à qui l'histoire n'a malheureusement pas donné la place qu'elles méritaient. Ce sont des femmes de pouvoir – ou proches du pouvoir et des milieux intellectuels– dont l'histoire n'a pas retenu le nom. Ce sont des femmes qui méritent toute notre attention car elles étaient intelligentes et ont eu une influence dans les milieux culturels, philosophiques et religieux.



Cet essai permet donc de découvrir ces femmes inconnues, dont on ne parle que très peu parce que l'histoire a été écrite par les hommes. L'auteur souligne parfaitement bien le sort réservé à ces femmes sous la plume des historiens, à l'aide d'extraits de texte et d'une documentation fournie. J'ai beaucoup aimé l'organisation de chaque portrait de femme : pour chacune d'elle, l'auteur nous présente la vision de la figure féminine selon les historiens de différentes époques, dans une optique diachronique. On comprend donc parfaitement cette vision subjective de l'histoire et l'auteur tente de replacer chacune de ces femmes d'exception dans une réalité historique en s'appuyant sur le contexte social et culturel de chaque époque. Ainsi, Aspasia, une grande rhétoricienne, a laissé une trace différente dans l'histoire selon qu'elle a été étudiée par les historiens ou des auteures : elle a été moquée ou minimisée par les hommes puis encensée par les femmes des XIXe et XXe siècles.

L'auteur nous présente également les idées philosophiques et religieuses de certaines de ces femmes, dont celles d'Aspasia et Diotima, qui ont inspiré Socrate, ou Marguerite Porète, dont les idées spirituelles, condamnées par l'église catholique, vont avoir une grande influence sur des mouvements religieux américains, toujours actuels.



Les chapitres sont courts et l'essai peut être lu dans l'ordre que l'on souhaite car chaque portrait de femme occupe un chapitre, selon un classement chronologique. Les femmes présentées ont eu une vie romanesque et l'auteur parvient à rendre son essai accessible et compréhensible en expliquant er détaillant le contexte social, historique et culturel. Cependant, la lecture peut parfois paraître ardue car c'est un texte exigeant en terme de références historiques, géographiques et philosophiques ; il s'adresse, à mon sens, à un public averti et ayant déjà une légère connaissance historique et un goût pour la philosophie.



Enfin, j'ai aimé le fait que cet essai puisse apparaître comme un essai engagé et féministe, qui s'inscrit dans une dynamique moderne (les historiens sont maintenant rejoints par des historiennes) et qui cherche à rétablir la vérité et à redonner une place aux femmes trop longtemps ignorées ou minimisées par l'histoire. A conserver leur mémoire aussi, pour que leur histoire – leur véritable histoire – puisse être transmise.

Tout d'abord, je voulais remercier, à nouveau, l'opération Masse Critique Babelio ainsi que la maison d'édition "Chronique Sociale" pour m'avoir donné la possibilité de faire cette lecture.



Malheureusement, elle ne m'a pas emballé et c'est certainement dû à mon cursus universitaire spécialisé en histoire de l'art médiéval.



J'ai été surprise par le volume, assez fin, de ce livre car je m'attendais à un ouvrage plus conséquent puisqu'il aborde le parcours de douze femmes. Vous comprendrez alors que le récit, pour chacune d'entre elles, est assez concis. Personnellement, j’espérais une étude en profondeur de leur vie, de leur parcours de ce qui a fait de ces femmes des exceptions. Je reste donc sur ma faim.



Je suis également surprise du choix de certaines de ces femmes, surtout pour la période médiévale, que je connais bien, puisque à mes yeux, certaines ont eu un impact plus important dans l'histoire, l'histoire de l'humanité.



Pour finir, l'auteur indique : " Il me semble que je doive, de temps à autre, compléter l'information qui manque en puisant des éléments dans la logique sociale et culturelle de l'époque." Bien évidemment, lorsque nous nous intéressons à des périodes anciennes comme celle de l'Antiquité et du Moyen-Âge, nous ne pouvons faire autrement que de faire des hypothèses pour reconstruire des lambeaux d'histoires perdues. Néanmoins, ici, je trouve, peut-être à tort, que les réflexions hypothétiques ne sont pas assez mise en exergues par rapport au contenu scientifique, particulièrement bien documenté. Le lecteur pourrait s'y perdre et prendre pour acquis des éléments qui ne le sont pas.

C'est avec curiosité que je me suis lancé dans la lecture de "Douze femmes hors du commun".

Je trouve l'idée intéressante de réhabiliter l'histoire de ces 12 femmes. Pour ma part, je ne connaissais que l’histoire de Hypatia. J'ai trouvé la lecture difficile. Chaque chapitre est très court et il n'est pas aisé de s'attacher à l’histoire de chacune de ces femmes. Je m'attendais à autre chose, un portrait plus vivant, moins froid.

Il est bon cependant de réécrire l'histoire en montrant une autre vision des choses en utilisant d'autres textes que ceux habituellement étudiés pour étayer les propos.