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Citation de YvesDaniel


Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir ! Avec le recul, je réalise avec acuité la terrible lucidité de ce proverbe.
Tout à mes préoccupations égoïstes, au rang desquelles l’aboutissement de mon roman tenait la première place, j’avais totalement occulté mon environnement immédiat.
Comme une étincelle couvant sous la braise mon désir pour Lin-Yao, avait grandi, s’était épanoui, jusqu’à éclater au grand jour dans cette sordide chambre d’hôtel par un curieux tour de passe-passe de l’inconscient. De même, j’étais totalement passé à côté des écœurantes manigances de mon épouse, ignorant que je cachais au sein même de mon foyer une vipère aux crochets dénudés. Aujourd’hui encore j’en reste sidéré et honteux.
En quittant Zi j’étais comme un boxeur groggy que son adversaire vient de frapper d’un double uppercut. Il faut du temps à l’être humain pour comprendre et accepter les soubresauts qui agitent sa vie.
Assis sur ce banc public, alors que le jour ne va pas tarder à se lever, je ne suis même pas encore sûr d’avoir compris.
Je regarde autour de moi. Tout est calme. Paris s’éveille, mais le parc Georges Brassens sommeille encore. Les gazouillis joyeux des oiseaux ne sont pas parvenus à le tirer de sa torpeur. Je hume l’air frais chargé de subtiles odeurs. Combien de temps le respirerai-je ? C’est fragile l’existence. Tout peut basculer si vite. Une simple faute de quart, et hop c’est la sortie de piste ! On se retrouve tout à coup sur une pente dangereuse et non balisée avec au bout de la dégringolade, le précipice !
Aurais-je pu faire autrement ? Emprunter un autre chemin ? Je me le demande.
Je ne suis pas déterministe, mais je crois sincèrement que nos actes et nos comportements ne nous appartiennent pas. Ils nous sont dictés, imposés, par notre éducation, par notre enfance et par une succession d’expériences bonnes et mauvaises qui contribuent à nous construire.
Toute mon existence passée m’a conduit de façon irrésistible à cet enchaînement d’événements et à ce banc. Toute. Il y a là une sorte d’inéluctabilité. C’est ce qu’on appelle le destin.
À moins, comme le croyaient nos ancêtres, que nous ne soyons les jouets des dieux. Des dieux cruels et versatiles qui s’ennuient ferme sur leur Olympe et autres demeures célestes et s’amusent à nous mettre à l’épreuve pour égayer leur interminable quotidien.
Mais les dieux et le destin ne sont après tout que les deux visages d’une même chimère que l’homme se plaît à invoquer pour justifier sa faiblesse et son manque de clairvoyance.
Car le seul véritable coupable, finalement, c’est lui seul.
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