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Citation de AuroraeLibri


N'étaient-ce pas eux, les livres, qui, peu à peu, avaient créé à Richard sa seconde nature, la mauvaise, l'ennemie ? Autrefois, il était affectueux, tendre et simple, d'esprit très droit, de jugement très sain. (...) Malheureusement, un autre homme perçait peu à peu sous ce premier homme, — l'homme artificiel, celui qui avait trop vu, trop lu, trop réfléchi, trop rêvé. Des idées des étrangers se glissaient en lui, et, au lieu qu'il se les assimilât, elles firent sa conquête. Il disparaissait sous cette couche mauvaise, et les heures où il se retrouvait lui-même devenaient rares de plus en plus. Ce n'était plus lui qu'Hélène voyait, qui l'aimait plus faiblement, qui parlait un autre langage : c'étaient des penseurs et des poètes, des étrangers et des rivaux. Ils le conseillaient mal. Ils troublaient le cours régulier de ses pensées. De même que de médiocres romans pervertissent des lecteurs vulgaires, ces grands esprits des siècles morts, en faisant passer sur Richard leur éternel remuement d'idées, le roulant dans les tempêtes des sentiments qu'ils ont trop bien compris et trop bien expliqués, détruisaient ses qualités simples, compliquaient son âme, lui imposaient des doutes corrosifs, d'inquiétudes curiosités, la méfiance et le mécontentement de soi. Hélène, avec sa pénétration de femme, et de femme qui aime, devinait à ses résultats ce sourd travail intérieur, dont les phases lui échappaient.

Chapitre Il
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