Jean Van Eyck trouva, nous l’avons dit, à Bruges, le secret de la peinture à l’huile; cependant, plusieurs écrivains prétendent que ce genre de peinture était depuis longtemps en usage à Constantinople. L’un des tableaux de Jean Van Eyck, exécuté par ce procédé, représentait l’Agneau de l’Apocalypse ; il contenait cinq cents figures de 12 à 14 pouces de hauteur. C’est à Hubert Van Eyck, frère du précédent, que nous devons la découverte du tableau portatif, après Apollodore, père du modelé ou relief des figures et du clair-obscur.
Voici maintenant l’origine tragique de la peinture à l’huile en Italie. Un Vénitien nommé Dominico, ayant appris le secret de la peinture à l’huile, s’était fait une immense réputation et fut appelé à Florence pour travailler avec Andréa del Castagno, dans une église. Jaloux de la célébrité de Domenico, A. del Castagno résolut de lui ravir son secret et, pour cela, n’hésita point à le tuer.
Nous ajouterons que le Jugement dernier , de Jean Cousin, est, suivant quelques auteurs, le premier tableau peint à l’huile par un Français.
Car, de la rusticité primitive au raffinement de nos jours, il demeure le principe d'une convention barbare dont le progrès s'avère seulement dans la qualité de la matière et du travail présidant aux sempiternels ornements accrochés au cou, aux oreilles, à la taille, sur la poitrine, voire aux chevilles et au nez, par la tradition de la sauvagerie la plus lointaine. Si l'on ajoute aux méfaits de la mode qui, souvent, prépare le ridicule de demain, les expressions diverses de la coquetterie, dé la beauté même, inséparable d'une intention séductrice aussi capricieuse, suivant les peuples, la couleur de leur ciel ou de leur épiderme, on constate simplement toute la variété des bénéfices que l'art ou la curiosité en retirent.
Toujours est-il que si l'on ne peut guère apprécier la valeur esthétique des églises construites en Hollande (avant son organisation en royaume) sous le joug de l’Espagne catholique, par des artistes flamands ou français, généralement, parce qu'elles furent dépouillées de leurs ornements sous la Réforme, en Angleterre, —un pays protestant encore, — l'ancienne église catholique, fréquemment érigée par des Français, se distingue artistiquement des monuments voués aux autres cultes.
A ce titre seul, Giotto mériterait certes son immortalité et notre reconnaissance; mais il ne faut pas oublier encore que le talent et, mettons : le génie de cet innovateur, s'imposent par eux-mêmes — non excessivement peut-être de nos jours — mais excessivement pour l'époque. Or, pour juger d'un artiste, il faut se placer à l'heure où il se produisit.
Charles-Joseph Traviès, qui fut plutôt un caricaturiste d'occasion, n'a pas eu à sa mort une critique clémente : on a même été jusqu'à contester à cet artiste sa création de Mayeux, par laquelle seule il mérite à nos yeux.
Baudelaire disait, sans cacher son admiration pour Traviès, qu'il croyait un artiste éminent et incompris : « Sa muse est une nymphe de faubourg, pâlotte et mélancolique. A travers toutes ses tergiversations, on suit partout un filon souterrain aux douleurs et au caractère assez notables. Traviès a un profond sentiment des joies et des douleurs du peuple, il connaît la canaille à fond, et nous pouvons dire qu'il l'a aimée avec une tendre charité. C'est la raison pour laquelle ses Scènes bachiques resteront une œuvre remarquable; ses chiffonniers, d'ailleurs, sont généralement ressemblants. »
Si l'on songe que la mécanique Jacquard et le métier à dentelle, que la grande métallurgie, le gaz d'éclairage, datent du début du XIXe siècle, il est curieux de constater que le seul intérêt qu'on y prit fut de les utiliser pour recopier les soieries anciennes, les dentelles à l'aiguille ou aux fuseaux, pour faire du faux appareil de pierre et allumer des bougies de porcelaine. Aussi faut-il admirer ceux qui osèrent employer dans la construction la fonte et le fer laminé apparents. Ceux-là furent les premiers à renouer avec la tradition du modernisme dans l'architecture : ils sont les vrais descendants des maîtres d'œuvre de nos cathédrales.
Il ne suffit pas toujours d'avoir une idée drôle pour que l'effet drolatique se retrouve dans le dessin. Pour les gens de goût, souvent une idée très amusante ne produit plus aucun effet lorsqu'elle est mal traduite par l'artiste ; mais le public, très mauvais juge en art, ne se doute pas de cette anomalie. Aussi, dans certains pays, croit-on à la drôlerie seule de l'idée.
La laideur comme la beauté offrent un caractère que démêle l'art aussi bien qu'il accuse le charme.
Au vrai, l'art japonais, réfractaire au progrès européen, à son idéal, s'est cristallisé dans son soi, de toute la force des aspirations de son peuple, de son sol et de son climat; en un seul mot, de toute la ténacité de son caractère essentiellement traditionaliste.
C’est le sentiment, gai ou morose, d’une époque, c’est sa foi pacifique ou guerrière, religieuse ou païenne, qui font l’originalité d’un style. Ces différents idéals d’inspiration, ces influences diverses commandent au sujet du tableau comme .à la forme du meuble, dans la noblesse ou dans le charme. Et la technique de ce tableau ou de ce meuble relève également du goût et de la faveur d’une époque à la suite d’une expression magistrale (ou simplement en vogue) dont l’exemple fait École.