Tous les peuples ont deux histoires, l'une qui se plaît aux vues d'ensemble et ne marche qu'escortée de documents authentiques, l'autre curieuse de détails, mêlée aux évènements privés, et relevant de la tradition. La première ressemble à ces fleuves du Nouveau-Monde qui emportent tout dans leur cours puissant, mais dont l'œil n'aperçoit que les grandes ondulations ; la seconde est un de ces ruisseaux au bord desquels on s'asseoit afin de regarder jusqu'au fond, de cueillir les brins de jonc et de compter les cailloux.