Samedi 16 septembre
2nd Infrantry Division : Devant la réduction de la résistance allemande dans Brest, la 2nd Infantry Division devient maîtresse de la gare, et annule toute opposition à l’extérieur des murs. A 19h00, des éléments du 3rd Battalion du 9th Infantry Regiment entrent dans la ville par le nord-ouest et, vers 23h35, ils sont entièrement à l’intérieur des murs de la vieille ville. Le 2nd Battalion entre à 23h00.
Les bords de Rance
de nos jours.
Dans la nuit d’encre d’un début décembre glacial balayé par un vent d’Est annonciateur de neige, deux lueurs blafardes se baladaient parallèlement et sans bruit à quelques mètres du barrage du Châtelier, dans les eaux calmes et montantes de la Rance maritime. Elles naviguaient silencieusement, tantôt vers La Vicomté, rive droite, tantôt vers Saint-Samson, rive gauche. On aurait dit les yeux phosphorescents de quelque serpent de mer géant emprisonné dans un filet invisible, cherchant désespérément une issue vers la liberté.
Aucune réponse du batelier ou de sa famille ne parvenant de la maison, intrigués, ses voisins décidèrent de rentrer à l’intérieur. Ils se saisirent alors d’une échelle et passèrent par une des fenêtres de l’étage après en avoir cassé un carreau. Ce que découvrirent alors les premiers témoins dans cette maison maudite est un des plus grands massacres répertoriés dans les annales des archives judiciaires de l’Ille-et-Vilaine : un quintuple meurtre qui aurait eu la vengeance pour mobile.
Malgré tout, ces perspectives de gain rapide ont de quoi motiver les braconniers. Seulement voilà, pour éviter une destruction en masse de cet écosystème extrêmement fragile, la pêche légale à la civelle est rigoureusement réglementée par les autorités et les autorisations administratives sont données au compte-gouttes. Mais, on le sait, pour l’humain, l’interdit est excitant, surtout quand le gain escompté en retour promet d’être important.
Dans ce petit monde de délinquants en bottes de caoutchouc grouillant la nuit sur les bords de la rivière, des drames se nouent parfois. Et de simples bagarres commencées pour un motif futile mais souvent attisées par de trop grandes quantités d’alcool, peuvent aller jusqu’à l’élimination pure et simple d’un concurrent, volontaire ou non. C’est pourquoi il n’est pas rare de voir un cadavre dériver jusqu’au barrage de la Rance, .
En regardant bien vers ces points lumineux toujours en mouvement, qui suivaient inlassablement à chaque aller-retour la même route le long du barrage entre la berge et le mur de l’écluse qui marque l’entrée dans le canal d’Ille-et-Rance, une vue perçante, comme celle d’un chat retour du sabbat au menhir de la Tiemblaye, aurait entrevu deux contours à formes humaines se découper dans les ténèbres et flotter entre ciel et eau.
L’année suivante, suite à des propos lancés en public dans un cabaret de Pleurtuit, Pierre Garçon, batelier du Nay en Saint-Malo, fut arrêté. Les paroles qu’il avait imprudemment lâchées entre deux bolées de cidre étaient revenues aux oreilles de la justice. Selon les témoins, Garçon se serait vanté de bien connaître les assassins du passeur et aurait donné trop de détails sur le quintuple crime pour être innocent.
La lecture des pièces de police de l’époque conservées dans les Archives départementales nous apprend que, la veille du drame, plusieurs témoins avaient vu quatre hommes inconnus couverts de capotes dont deux avaient des fusils et les autres des sabres passer dans le village et poser des questions sur le passeur. Mais jamais ces témoins de premier ordre ne furent ni inquiétés ni retrouvés.
Bords de Rance
mercredi 8 décembre 1790
Vers 11h00 ce matin-là, inquiets de ne pas voir le passeur du bac de Jouvente à son poste pour assurer les navettes quotidiennes de la Rance entre Saint-Servan et Pleurtuit avec sa barque, quelques habitants du village de Quelmer se transportèrent jusqu’à sa maison sur les bords de la rivière et tambourinèrent à la porte fermée à clé.
On a dit que le passeur aurait été exécuté car il aurait vu des choses qu’il n’aurait pas dû voir sur les bords de la Rance, comme des trafiquants de tabac débarquer leur marchandise illicite ; qu’il aurait été témoin d’actes criminels impliquant des notables désireux d’éliminer un danger ou qu’il se serait retrouvé mêlé à des intrigues révolutionnaires le dépassant.