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Critique de hannah851


Intéressée par l'histoire des cimetières, le scandale des Innocents fait partie des moments fondateurs des catacombes parisiennes, c'est donc avec intérêt que j'avais noté la parution de ce roman. J'attendais donc de pouvoir le croiser sur les rayonnages de la médiathèque pour le découvrir et me retrouver plongée dans le transfert sans précédent d'un des plus anciens cimetières de Paris, le cimetière des Innocents, à la fin du XVIIIème siècle.

Fermé en 1780 en raison de l'écroulement d'une fosse commune dans une cave d'un immeuble adjacent, le cimetière est saturé et insalubre. La décision de son transfert dans les galeries d'anciennes carrières est le point de départ du roman d'Andrew Miller. Si la grande Histoire a retenu le nom de Charles-Axel Guillaumot, l'architecte et l'inspecteur général des carrières de Paris, qui aménagea les ossuaires dans les carrières souterraines, le nom du chef d'orchestre de cette opération demeure inconnu. L'auteur lui prête les traits de son héros, Jean-Baptiste Baratte, un jeune ingénieur des Ponts et Chaussées, chargé par le ministre du roi de ce chantier. Une mission qu'il aurait préféré laisser au profit de la construction de ponts alors qu'il vient de finir une mission tout aussi ingrate dans les mines de Valenciennes.

Cependant son rang social ne lui permet pour l'instant de prétendre à autre chose et il accepte. Provincial aux idées encore naïves et idéalistes, il se retrouve plongé au coeur du Paris des morts et des vivants. Logé chez les Monnard près du cimetière, il comprend rapidement que les deux mondes coexistent: les galeries commerçantes font corps avec les charniers du cimetière, la mort imprègne l'eau, l'air, la nourriture et les habitants du quartier. Malgré les questions déontologiques, historiques, religieuses, médicales et sociétales que soulèvent cette opération, le jeune ingénieur se met au travail aidé par des personnages hauts en couleur. Armand l'organiste de l'église va l'initier aux idées philosophiques des Lumières, Jeanne et son grand-père sacristain aux secrets et à l'histoire du cimetière, Guillotin le médecin à l'étude du corps après la mort, Héloïse à l'amour... Au fil du chantier, Jean-Baptiste va mûrir et s'affirmer car le transfert est loin de laisser de marbre le cercle de ses familiers. Les jours, les semaines, les mois et les saisons passent et inlassablement l'auteur nous fait le décompte des fosses communes vidées de leurs ossements par des mineurs flamands avares de mots et d'émotions. le cimetière enfumé constamment pour éloigner les vapeurs pestilentielles qui se dégagent des fosses béantes se vide peu à peu et c'est au tour de l'église d'être démolie.

L'écriture légère de l'auteur parsemée tout au long du récit d'ironie ou de mélancolie rend la lecture aisée alors que le thème ne l'est pas du tout. C'est l'un des avantages de ce roman historique dont le contenant attire aussi le regard avec une couverture qui colle parfaitement au sujet avec la représentation du cimetière des Innocents dans le plan Truschet (1551) et sur le rabat celle du plan Turgot (1739). Il est ainsi possible de s'y référer au cours de la lecture de l'ouvrage. Une bonne initiative des éditions Piranha.


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