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Critique de Apophis


Encore plus intéressant que le tome 1 (et pourtant la barre était placée haut)

Le sang du roi est le deuxième tome du cycle La dague et la fortune, après La voie du dragon. Connaissant la propension de Daniel Hanover (et de Ty Franck) à faire disparaître ou apparaître des personnages principaux dans chaque nouveau tome de The Expanse, vous vous demandez peut-être si on retrouve Cithrin, Geder, Marcus, Dawson, Clara et l'Apostat, les protagonistes (et narrateurs) de la voie du dragon, dans cette suite. La réponse est oui : nous retrouvons nos héros quelques mois après les événements ayant eu lieu à la fin du tome 1. Chaque chapitre est aussi vu selon le point de vue de l'un d'entre eux.

- Evolution des personnages, rythme

Le tome 1 adoptait un rythme que je qualifierais non pas de lent, mais de posé, l'auteur prenant son temps pour mettre en place ses personnages, son univers et son intrigue. Rien de tel ici. Les événements sont contés sur un rythme nettement plus nerveux et haletant, maintenant que les acteurs et le décor sont en place.

Les péripéties sont assez prévisibles, mais ce n'est en aucun cas un point négatif : en lisant ce roman, j'ai eu le même sentiment que lors de ces retransmissions où des figures géantes formées de milliers de dominos se mettent en branle une fois le premier d'entre eux poussé. On a beau avoir eu sous les yeux la figure d'ensemble bien avant ce coup de pouce fatidique, on n'en reste pas moins captivé au fur et à mesure que la chute de chaque domino entraîne celle du suivant, et ainsi de suite. Là, c'est pareil : on sent bien comment tout ça va finir, et pourtant on reste fasciné.

Au delà de l'intrigue ou du contexte, ce qui fait la grande force de ce cycle est pour moi sa galerie de personnages. Si Cithrin se taille cette fois la part du lion en terme de chapitres, il ne faut pas s'y tromper, c'est en fait Geder qui est au centre de pratiquement tout. Geder qui va encore s'élever, avant de retomber brutalement et de s'élever plus haut encore qu'auparavant. Geder qui, dans la droite ligne du tome 1, est un personnage psychologiquement complexe, à la fois doux et terriblement violent, gentil et impitoyablement cruel. Geder, dont on assiste, à la fois fasciné et horrifié, au passage vers une forme de Côté obscur.

Ce qui est très intéressant, c'est que chaque personnage évolue, ils ne sont en aucun cas figés dans leur psychologie, leur situation ou leurs buts du tome 1 : Cithrin a perdu le contrôle de sa branche de la Banque et doit rendre des comptes, ce qu'elle ne supporte pas ; Marcus va être amené à aller contre tous ses instincts ; Dawson va faire de même, dans un raisonnement tordu en se disant que c'est « pour la bonne cause » ; Clara, beaucoup plus mise sous la lumière des projecteurs que dans le tome précédent, va voir sa situation évoluer d'une façon radicale ; et comme dans le tome 1, l'Apostat va ouvrir et fermer ce tome 2, s'associant pour l'occasion avec un autre protagoniste pour ce qui promet une aventure passionnante dans le tome 3. Et puis évidemment, il y a Baraship, qui joue, lui, exactement la partition qu'on attend de lui.

La fin de le sang du roi est à nouveau très réussie, sans effets de manche faciles type cliffhangers mais avec quelques aperçus de ce qui nous attend tout à fait réjouissants.

- Plus d'action, plus de retournements de situation

Il y a nettement plus d'action dans ce tome 2 que dans ce tome 1 : après tout, il y a une guerre, puis une guerre civile… de ce point de vue là, et en ajoutant le fait que le rythme soit plus nerveux, ce tome 2 est sans doute plus attractif que le 1, qui adoptait un rythme posé qui pouvait faire fuir certains. Mon conseil est vraiment, si c'est votre cas, de serrer les dents : même si le tome 1 est un peu lent pour vous, c'est un passage obligé si vous voulez profiter de ce cycle. Georges R. R. Martin n'est pas avare de compliments vendeurs copieusement mis en exergue par les éditeurs sur la couverture des bouquins écrits par ses protégés, mais il faut avouer que Daniel Hanover / Abraham a rédigé là une oeuvre qui, si elle n'atteint pas les sommets du Trône de Fer, est extrêmement recommandable, à la fois en elle-même et par rapport à celles des autres écrivains du cercle de Martin (Ty Franck, Victor Milan, etc).

Il faut signaler aussi pas mal de retournements de situation, certes assez prévisibles, mais qui font que chaque personnage reste très intéressant tout au long du livre. Rien n'est figé, tout peut changer brutalement, que ce soit sa situation, ses perspectives d'avenir (ou leur absence…) ou le simple fait… qu'il soit mort ou vivant ! Là aussi, la patte du « père spirituel » est bien présente (je vous renvoie à la genèse du cycle dans ma critique du tome 1).

- Un univers et un background des personnages qui s'étoffent, de nouvelles associations qui se créent

Ce n'est pas parce que le gros du décor est en place qu'il n'y a pas de place pour de nouveaux lieux, des informations supplémentaires sur les treize races (qui n'étaient pas du luxe, loin de là, tant que le tome 1 était nébuleux à ce niveau…) dans une postface assez indispensable, de nouveaux personnages (ou des personnages dont on avait juste entendu parler mais jamais vu), de nouveaux pays, etc. Parce que si l'aspect géopolitique était déjà sensible dans le tome 1, il devient capital dans ce tome 2, et certaines allusions prouvent qu'il va être au centre du tome suivant.

De même, on en apprend un peu plus sur le passé de l'Apostat et beaucoup plus sur celui de Marcus (encore une fois, ce n'est pas du luxe…).

Je l'ai déjà un peu évoqué, mais certains personnages opérant jusqu'ici plus ou moins chacun dans leur coin, ou se connaissant mais sans plus, vont désormais avoir des relations beaucoup plus étroites : l'Apostat et Marcus, mais aussi et surtout Cithrin et Geder, dont les routes vont désormais se croiser.

- En conclusion

J'avais trouvé le tome 1 solide, cohérent et intéressant, mais clairement, ce tome 2 se sert de ces robustes fondations pour proposer une histoire trépidante, certes prévisible mais très prenante. Les personnages, toujours aussi solides, sont de plus en plus complexes sur le plan psychologique, et les intrigues prennent une nouvelle ampleur au fur et à mesure que certains d'entre eux acquièrent plus de pouvoir et d'indépendance au sein de leur branche respective. On est autant fasciné de voir certains d'entre eux s'élever que d'assister à la chute vertigineuse de certains autres. Et tout ça sans (quasiment) jamais tomber dans le voyeurisme parfois complaisant, commercial et balourd du grim & gritty.

Vous l'aurez compris, c'est sans réserve que je conseille ce cycle très intéressant, sans doute le plus valable de ceux estampillés « G.R.R Martin approved ».
Lien : https://lecultedapophis.word..
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