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Critique de Lucilou


Une fois n'est pas coutume, c'est le film qui m'a mené au livre.

Il faut dire qu'avant de découvrir et d'aimer passionnément "Call me by your name" de Luca Guadagnino et sa beauté fragile, triste et surtout vertigineuse qui m'ont tant marquée, je n'avais jamais, au grand jamais, entendu parler d'André Aciman et de ses romans.

En réalité, je ne me suis d'ailleurs procuré "Appelle-moi par ton nom" que dans le but, pas franchement honorable, de faire se prolonger les sensations bouleversantes nées du film en attendant de pouvoir le revoir et pas dans l'idée de découvrir une oeuvre à part entière et pour elle-même.

J'ai aimé ce roman pour tout ce qui m'a fait succomber au film et -littérature bénie- je l'ai adoré pour tout le reste: son extrême finesse, son analyse aigue du désir et du sentiment amoureux qui pour toute intellectualisée qu'elle soit n'en demeure pas moins poignante -ardente même-, sa narration où se mêlent l'écriture de l'intime et l'universalité des premiers émois et du désir et où la première et la deuxième personne se confondent parfois comme les corps dans l'amour et les esprits penchés sur le même livre ou la même partition.
Je l'ai adoré pour son élégance et sa distinction, pour sa délicatesse d'orfèvre, pour cette écriture, marbre et dentelle, proustienne sans aucun doute mais surtout d'une beauté à se damner.

Et pour ses frémissements, pour Elio qui ressemble un peu à celle que j'étais à 17 ans, pour Oliver qui n'a pas été sans me rappeler ce premier amoureux avec lequel je pensais que ça durerait toujours parce que c'était lui et parce que c'était moi, parce que c'était le printemps puis l'été, parce qu'on était beaux-ensemble surtout- et qu'on en revenait pas de ce qui nous liait soudain, de ce besoin et de cette envie d'être l'un à l'autre pour toujours, de cette fièvre et de cette soif que rien ne pouvait étancher.
Ce roman a cela en lui de beau et de mélancolique, de presque triste, de faire revivre ces sensations, ces frémissements et ces premières ivresses, ces premières douleurs et ce premier chagrin dont on a cru qu'on en mourrait avant de se cuirasser et de grandir.

Et je l'ai aimé de m'avoir menée en Italie, d'avoir fait en sorte que je sente vraiment sur ma peau la caresse puis la brûlure du soleil.
De m'avoir offert aussi l'espace de quelques pages le bleu, la mer et le sel, le jus des abricots gorgés de miel et l'odeur des pins et la langueur des soirs d'été qui n'en finissent pas.
Et Rome, et les soirs d'ivresse et de musique. Et la violence du premier amour.

Je l'ai aimé pour cette mélancolie qu'il m'a offerte et que je garde encore un peu, pour cette urgence qu'il a fait naître en moi de chérir et de garder en mémoire les instants volés et fugaces dont la saveur ne reviendra jamais et pour ce bain de beauté qui a mis de la lumière dans ce presque hiver éclaboussé de gris et de brouillard.

Mais je ne crois pas que je lirai la suite, l'histoire me semble plus belle comme ça.
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