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Critique de Tancrede50



Les amateurs de polar nordiques connaissent beaucoup d'îles: Gotland, Oland, Sandhamn, Aland et le Svalbard, pour ne citer que les plus connues comme cadres de crimes et d'enquêtes. Maria Adolfsson a choisi elle, un archipel imaginaire: le Doggerland, à mi chemin du Danemark et de l'Angleterre. Le Doggerland est à la croisée des cultures scandinaves, anglaises et néerlandaises. Mais Jaap Kloes un de piliers du pub anglais rappelle: ‘Vous connaissez le proverbe: On a beau pimenter avec des Bretons, des Frisons et des Flamands, la soupe doggerlandaise pue toujours autant le Scandinave'.


Susanne Smeed est tuée chez elle. C'est l'ex femme du chef de le brigade criminelle du Doggerland. Karen, inspectrice de la brigade enquête. Pas de témoins. Pas d'indices déterminants. L'enquête n'avance pas. Est-ce l'ex mari le coupable? Est-ce un cambriolage qui a mal tourné? Susanne, de par son caractère s'était fait beaucoup d ‘ennemis, est-ce l'un d'entre eux? Ou faut-il chercher dans un passé très lointain, quand la mère de Susanne a vécu dans une communauté hippie?


Ces hippies sont venus de différents pays voisins pour vivre au Doggerland en communauté en 1970. Ils sont arrivés avec enthousiasme pour aborder une vie nouvelle et cultiver la terre. Ils voulaient se libérer des conventions bourgeoises. Mais ça n'a pas duré longtemps, un an pour être précis. Des dissensions au sein de la communauté d'abord et puis ensuite la difficulté de vivre hors de la civilisation, de faire un accouchement difficile sans avoir recours à un hôpital, par exemple. Chacun est reparti vivre de son côté, rejoignant cette civilisation qu'ils voulaient fuir.


Le roman vaut d'abord pour ses 50 dernières pages intelligentes, époustouflantes, bourrées de suspense, de rebondissements et d'émotions. Toutes les longueurs du milieu du récit ne font en fait que préparer cette fin, ce bouquet final devrais-je dire. Mais le roman vaut aussi par sa galerie de personnages au caractère complexe, dépeints avec beaucoup de talent. Karen l'inspectrice, écrasée par son passé douloureux, qui essaye d'être à la hauteur de sa tâche avec opiniâtreté et qui va tendre la main à plusieurs personnes en difficulté. Jounas Smeed, son chef, un salopard, a dit de lui son ex-femme, détesté de sa fille, en conflit ouvert avec Karen, bien qu'il ait couché avec elle. Karl Bjorken, le collègue le plus proche de Karen, qui se sent trahi quand il comprend qu'elle lui a menti, mais qui reste toujours là pour elle. Evald Johanissen, autre collègue, à la santé fragile, qui entretient une relation conflictuelle avec Karen, mais qui a du flair et sait agir avec diligence quand la situation l'impose et que Karen est en difficulté. Sigrid, la fille du chef, qui vient de rompre avec son petit ami, qui vit seule de son métier de barmaid, qui est en révolte contre la société, mais peut accepter de l'aide quand elle est au fond du trou et rebondir, et revivre une relation d'amitié. Leo Friis, clochard sympathique, qui a fait partie d'un groupe de rock, que l'on voit apparaitre à des moments importants du roman. Bref, un roman d'une qualité rare, une grande réussite.
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