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Critique de Ana_Kronik


Ce livre, publié sous le septennat Hollande, n'est donc pas tout récent. Écrit par trois économistes qui ont soutenu la candidature de François Hollande, puis d'Emmanuel Macron, il se défend d'être d'inspiration libérale.

Nos trois auteurs prennent la peine d'analyser les problèmes économiques de la France, d'explorer les actions fructueuses prises dans d'autres pays européens, et de proposer une série de mesures dont le but est triple: favoriser la croissance par l'innovation, réduire la dette, et combattre les inégalités, notamment en réformant le système scolaire.

Les remèdes proposés ne sont guère surprenants. Selon les auteurs, il ne faut pas augmenter le SMIC, car celui-ci ne réduit pas la pauvreté: au contraire, il provoque la stagnation des autres salaires, ceux qui lui sont légèrement supérieurs. Il faut réduire les charges sociales pesant sur les entreprises, ainsi que les impôts sur les sociétés et le capital, car les entreprises ont besoin de capitaux pour investir dans la recherche, seul facteur susceptible de susciter l'innovation, et par conséquent la croissance. Pour ce qui concerne l'éducation, il faut refonder l'école: renforcer le soutien scolaire dès le primaire, et donner une formation d'excellence aux enseignants. Enfin, pour réduire l'endettement de notre pays, il faut profondément réformer l'État: réduire le nombre de fonctionnaires en supprimant les trop nombreux échelons du mille-feuilles administratif (et notamment les départements et les communautés de communes).

Les auteurs plaident aussi pour une politique industrielle cohérente, menée à un niveau décentralisé, où l'on privilégie des secteurs d'activité, et non de grandes entreprises.

Rien de vraiment révolutionnaire dans ces propositions. le livre est surtout intéressant pour les informations qu'il contient sur les politiques menées dans d'autres pays. Par exemple, on y apprend que la Finlande, bien meilleure que la France pour ce qui concerne l'éducation, n'a pas d'écoles privées! Alors que nous avons non seulement le privé et le public, mais aussi les fameuses grandes écoles, beaucoup mieux dotées que nos universités, et qui sont peut-être la cause de la reproduction des élites et de l'immobilisme...

Car il faut bien se l'avouer, notre système n'est pas facile à changer. On sait bien ce qu'il faudrait faire: supprimer les subventions, les niches fiscales, taxer plus lourdement les successions... mais là, ce serait se mettre à dos les classes dirigeantes. Qui en aurait le courage?

Quelques affirmations m'ont paru assez discutables. Par exemple, selon les auteurs, ne servirait à rien de taxer les plus riches, car aux États-Unis, on observe une corrélation positive entre mobilité sociale et la part du revenu des 1% les plus riches. Soit, mais corrélation n'est pas causalité.

De même, pour contenir les dépenses de santé, nos trois auteurs sont pour maintenir le numerus clausus des médecins, alors que l'on sait bien que nous en manquons cruellement et que la situation ne fait que s'aggraver. Or, d'autres analystes ont déclaré ces jours-ci que la fraude aux dépenses de santé provient à 70%... des médecins eux-mêmes! Mais aucune mesure n'est prévue pour mieux les contrôler. En effet, les professions médicales sont puissantes, organisées, et c'est un électorat qu'il convient de ne pas fâcher, comme l'a montré leur récente tentative de doubler le tarif des consultations.

Malgré ces quelques réserves, les propositions semblent étayées. Certaines ont même déjà été appliquées, comme par exemple la baisse de l'impôt sur les sociétés. Cependant, il s'agit d'un programme global, et pour l'instant, n'appliquer que quelques mesures partielles - celles qui ne fâchent pas les soutiens du pouvoir en place - ne peut pas suffire. Comme disait un célèbre économiste américain, lorsqu'il faut franchir un ravin, ce n'est pas une bonne idée de le faire en plusieurs bonds.
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