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Critique de Patmarob




Les éditions « les bons caractères » et « le Temps Des Cerises » rééditent le livre de Tchinguiz Aïtmatov « le Premier Maître » paru en 1963 (traduit en français en 1964). L'ouvrage rassemble trois nouvelles : « Mon petit peuplier », « L'oeil du chameau », et « le premier maître ». La dernière nouvelle a été portée à l'écran en 1965 par Andreï Kontchalovski (sous le titre éponyme). L'auteur, Tchinguiz Aïtmatov, est kirghiz (né en 1928, il est décédé en 2008). Tchinguiz Aïtmatov était un écrivain reconnu en URSS dans les années 1980. Il a exercé des fonctions politiques : député du Soviet suprême de l'Union soviétique, conseiller de Mikhaïl Gorbatchev, il a été ambassadeur de l'URSS puis de la Kirghizie indépendante. Ses origines, son parcours lui confèrent une expérience personnelle polyvalente et riche : il a travaillé comme paysan, agronome, journaliste, traducteur… Ce parcours se manifeste, dans le livre, par les caractères terriblement humains des personnages et la description fusionnelle du pays natal de l'auteur. La nature est omniprésente, pays de haute montagne la Kirghizie est totalement enclavée. Les saisons sont marquées par le grand froid hivernal, la sécheresse estivale, la courte saison végétative. le milieu naturel s'impose dans le livre, l'auteur y manifeste son admiration pour une nature immense, aux couleurs pures et changeantes, aux sonorités aquatiques chahutées par les vents…Les descriptions de Tchinguiz Aïtmatov sont de véritables tableaux visuels et sonores. Les nouvelles sont inscrites dans l'histoire de l'URSS. Pour survivre dans ce milieu extrême, l'homme est contraint à un travail acharné, multiplié par l'état soviétique qui impose un développement à marche forcée. Après la Seconde Guerre mondiale, l'URSS accentue la pression économique dans ses périphéries : les stations de camions se multiplient et ravitaillent les kolkhozes isolés. le combat est épuisant, dans « le premier maître », le camionneur dompte son véhicule dans les lacets sans fin d'une route qui vainc l'altitude. Par solidarité puis par défi, il s'obstine à vouloir atteindre le col avec une remorque… Dans « l'oeil de chameau » le personnage participe à la mise en valeur agricole des steppes d'Asie Centrale avec un matériel rudimentaire. L'espérance anime les acteurs. La peinture de Kasimir Malevitch, « Tête de paysan » illustre la première de couverture. « le premier maître » souligne la volonté d'éducation du régime. En 1924, arrive dans un village perdu, un jeune ouvrier communiste qui se bat pour ouvrir une école. Il se heurte aux traditions et sauve une jeune fille d'un mariage forcé… Elle reviendra, académicienne, pour inaugurer la nouvelle école. L'isolement, les contraintes du pays forgent des hommes aux caractères rudes, aux réactions brutales mais les personnages du livre sont profondément humains. La réalité, les difficultés sont surmontées avec courage et détermination. L'espoir domine : la rencontre amoureuse, la certitude que le travail portera ses fruits, la nécessaire éducation émancipatrice … renforcent l'optimisme des personnages. Une certaine naïveté, la « foi des charbonniers » animent les acteurs et marquent leur crédibilité. Au final, « le premier maître » est un livre à (re)découvrir. Inscrit dans un espace géographique original, tissé par l'Histoire, il permet d'aborder une littérature peu connue. Merci à Babélio pour son opération « masse critique », aux éditions « les bons caractères » et « le Temps Des Cerises » Ce livre répond à leurs objectifs : « faire connaître les livres qui, par-delà les différences de pays, d'expérience ou d'époque, aident à comprendre la société et les hommes, à trouver le lien humain et la solidarité qui unissent les individus et les peuples, au-delà de ce qui les sépare » pour les éditions « les bons caractères » et « ouvrir un espace d'expression, hors des sentiers battus de la pensée dominante. » pour « le Temps Des Cerises ».


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