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Critique de Marie987654321


Que sont les espèces invasives ? S'agit-il seulement de quelques plantes ou animaux qui viennent déséquillibrer un système naturel ? Tels les algues vertes ou les frelons asiatiques..

Vncent Albouy nous en donne une version plus complexe. Il nous rappelle déjà que l'espèce vivante la plus envahissante sur terre est l'espèce humaine qui s'est répandue sur l'ensemble de la planète et a profondément modifié son environnement.

Il existe plusieurs définitions parmi les spécialistes, de l'espèce invasive : l'une insiste sur la pullulation et les conséquences économiques et naturelles négatives ; une autre parle simplement d'une espèce qui se reproduit hors de son territoire d'origine ; enfin une dernière insiste sur l'introduction d'une espèce qui s'avère nocive pour la biodiversité.

Et cela ne veut pas dire la même chose ! L'auteur donne l'exemple du doryphore venu de l'Ouest américain et qui se répand en Europe au début du XX ème. Selon la deuxième définition il est envahissant car se trouve hors de son aire d'origine ; oui également selon la première, car il a causé des dégâts économiques ; mais pas selon la troisème car il s'attaque à une plante cultivée, elle-même introduite et ne fait courir aucun risque à la biodiversité.

Quelques histoires tristes et étonnantes comme celle d'un petit passereau vivant sur l'ile de Stephen au large de la Nouvelle Zélande qui aurait disparu à cause du chat du gardien du phare installé là. Il évoque également la faune et la flore des iles, espaces souvent fragiles où les espèces n'ont pas d'échappatoire face à un nouveau danger : les dégâts causés par les chèvres installées par les marins aux Galapagos en sont l'illustration. Un chapitre est plus spécifiquement consacré aux marsupiaux, que les spécialistes ont souvent pensé moins capables de s'adapter que les mammifères. Il nous raconte l'histoire des wallabis de la forêt de Rambouillet, échappés d'un parc zoologique, qui se sont naturalisés à 40 km de Paris. Les plantes invasives peuvent venir de loin, mais aussi être locales comme l'algue verte bretonne, devenue envahissante en raison de modifications du milieu. Une plante arrivée depuis longtemps et qui semblait s'être installée paisiblement, se révèle envahissante en raison des perturbations du milieu dans lequel elle évolue. L'évolution du patrimoine génétique peut aussi jouer un rôle.

Si les "invasions" sont elles-même un phénomène naturel, l'auteur souligne que leur rythme s'est emballé avec le développement des échanges et le commerce mondial et donc aussi sous l'influence de l'homme. L'homme peut les faciliter par son action : le creusement du canal de Suez a entrainé le passage de 500 espèces de la mer rouge vers la Méditerranée.
Les espèces invasives peuvent être minuscules comme la puce des rats qui transporta la peste noire en Europe au XIV ème siècles. Les petites puces ont circulé au rythme des transports de l'époque. Aujourd'hui, l'accélération des transports est telle que cela offre aux agents infectieux des possibilités beaucoup plus rapides : c'est le cas du chikungunya qui traverse le monde à la vitesse du moustique qui le transporte.

Enfin, parfois l'invasion n'est pas un mal : la moule zébrée arrivée dans les grands lacs américains a contribué à filtrer leur eau extrêmement polluée.

Au final, ce petit livre de vulgarisation écologique donne aux béotiens dont je suis, une vision plus riche et nuancée et passionnante d'un phénomène qui impacte, de manière cruciale, notre environnement et notre vie.

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