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Critique de PhilippeCastellain


C'est le film de Greta Gerwig qui m'a poussé à lire ce classique américain. C'était mignon, quoi que bourré d'anachronismes ; Emma Watson s'était visiblement trompée de casting, mais Saoirse Ronan était rayonnante et donnait vraiment envie de passer plus de temps en compagnie de Jo. L'oeuvre est intéressante à plus d'un titre, notamment car on peut y voir le début d'une littérature jeunesse spécifiquement destinée aux petites filles. On sait du reste que ses personnages forts ont marqué l'histoire du féminisme, et de nombreuses personnalités (dont Greta Gerwig) le redécouvrent aujourd'hui sous cet angle, en faisant bien sûr la part des choses.

Quand on grandit sans télévision ni jeux vidéo, il arrive qu'on s'ennuie. Beaucoup. Et il arrivait que, abdiquant toute fierté masculine, je me tourne les vieilles ‘Semaines de Suzette' de ma grand-mère. Une lecture destinée aux petites filles modèles de la bonne bourgeoisie catholique, aujourd'hui tombée dans l'oubli, et bien moins niaise que ce qu'on pourrait imaginer. Certes ces histoires étaient d'une moralité à toute épreuve, bourrées de bons sentiments et de passages religieux. Mais on y trouvait aussi des interviews de Maryse Bastier, Hélène Boucher ou Jacqueline Auriole. Quelqu'un connait-il encore leurs noms ? Et d'ailleurs, quelqu'un sait-il encore qu'il y eût en France des femmes pilotes d'essais ?

Beaucoup de personnages rappelaient également Jo March. Récurrente aussi, la figure de la fillette luttant pour s'imposer dans un univers de garçon, et finissant par gagner leur estime et devenir partie-prenante de leurs jeux ou de leur organisation sociale par la seule force de son caractère et de ses qualités humaines. Les stéréotypes étaient bien entendus nombreux et conformes à l'époque ; mais on y trouvait aussi par exemple une histoire de fillette blanche orpheline élevée par une famille noire – de quoi voir les locaux du journal incendiés outre-Atlantique à la même époque. La qualité des histoires, elle, était assez variable. A l'apogée du journal, c'est-à-dire peu avant la seconde guerre mondiale, elle était souvent excellente. le travail des illustrateurs était lui constant, et est encore reconnu de nos jours.

La France possède une littérature entière similaire au ‘Quatre fille du docteur Marsh', et intégralement tombée dans l'oubli. En leur temps, elle a ouvert un espace de réflexion et d'expression aux femmes. La redécouvrir, avec la contextualisation nécessaire, aurait un intérêt certain. le féminisme, tout comme l'antiracisme, n'est pas sorti tout armé de la cuisse d'Athéna.
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