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Critique de Foxfire


Une nouvelle fois, la collection « Dyschroniques » du Passager Clandestin exhume un texte très intéressant. Si la plupart des oeuvres, nouvelles et romans, de Lino Aldani ont bénéficié d'une traduction française, cet auteur reste méconnu. Ce « 37° centigrades » ne peut que le faire regretter.

L'accroche de la 4ème de couverture dit ceci : « En 1963, Lino Aldani imagine une société obsédée par le risque sanitaire ». Ce résumé est juste mais très limitatif. Ce thème est en effet abordé dans la nouvelle mais il ne faudrait pas la réduire à cela. « 37° centigrades » est un texte riche qui, en quelques pages, aborde plusieurs sujets. le thème de l'obsession du contrôle sanitaire, s'il est abordé, n'est que secondaire selon moi. le texte aborde en 1er lieu le sujet de la protection sociale et comment ce qui part d'une bonne intention peut être dévoyé par le système capitaliste.
Le récit prend place dans une société où la couverture médicale est conditionnée par le fait d'adhérer à la CMG en payant chaque mois. Dès lors, le citoyen affilié doit subir de nombreux contrôles visant à vérifier que son mode de vie correspond aux préconisations sanitaires de la toute puissante CMG. le héros, Nico, ne supporte plus ce système qui le prive de son libre choix et lui coûte trop cher selon lui. Il faut dire qu'il veut acheter une voiture et n'étant jamais malade il trouve injuste de devoir payer pour les autres. L'individualisme, l'égoïsme et la superficialité de Nico seront punis. Aldani, homme de gauche, dénonce donc clairement l'individualisme forcené et rappelle le bien-fondé du principe de solidarité. Mais, il montre aussi comment ce principe salutaire peut être pourri par le système basé sur la toute-puissance de l'argent. le personnage le plus passionnant, et sans doute alter-ego de l'auteur, est le Professeur Crescenzo. Celui-ci, dans un passage saisissant fait la démonstration de la façon dont la cupidité des plus nantis pervertit une bonne idée. Finalement, l'obsession sanitaire et les privations de liberté qui en résultent, découle de cet appât du gain. Je trouve ce propos infiniment plus riche que celui annoncé sur la 4ème de couverture. le Passager Clandestin ayant publié ce texte en 2020, j'ai l'impression qu'ils ont voulu surfer sur le contexte de la pandémie de covid avec cette accroche réductrice, pensant que ce serait vendeur. C'est bien dommage de limiter ainsi la portée de ce texte.

Le petit dossier qui suit la nouvelle n'est pas vraiment une réussite. A vrai dire, il m'a même semblée un peu bâclé. Ceci dit, l'essentiel reste la nouvelle en elle-même et celle-ci vaut vraiment le détour.
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