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Critique de Papyrusdunil


Souvent j'achète des livres et je les oublie sur une étagère de ma bibliothèque (suffisamment fournie pour qu'ils passent inaperçus) et puis un jour je dépoussière ou je range, je retrouve le livre et c'est comme un cadeau... Voilà pourquoi je viens de finir ce roman sorti en 2004 (!!).
Comment se retrouver dans la tête de quelqu'un dont on ne comprend pas le fonctionnement, né dans un autre continent, qui n'a pas les mêmes mécanismes mentaux que les nôtres, tous ces éléments de notre psychologie qui conditionnent nos pensées et nos comportements sociaux et qui sont issus de notre éducation et de son contexte social, politique et culturel. C'est très étrange et en même temps très déstabilisant d'être supposé adhérer à ce que pense Nasneen, cette jeune bangladaise émigrée à Londres et mariée à un homme bien plus vieux qu'elle et qu'elle ne connait pas...
En fait, on n'y arrive pas. Dès les premiers chapitres, j'ai eu envie d'arrêter de lire parce que cette "héroïne" m'agaçait par son apathie, sa soumission, son inculture, son manque de réactivité et d'esprit critique. Là réside toute la force de ce roman! car en persistant, peu à peu, on finit par entrer dans cette pensée si différente, dans cette vie de déracinée perdue dans une banlieue anonyme. Et il faut bien dire qu'on vit une drôle d'expérience, celle d'être une femme inculte, sans ambition, devant servir de "bonne" et de génitrice à un homme "gentil" (il ne la bat pas!) mais peu attrayant, bavard, mythomane et très prévisible d'inefficacité et de passivité. On le nourrit, on lave ses chaussettes, on coupe ses cors au pied, on est passive et fataliste, on ne sort pas de l'appartement miteux de la triste cité de Brick Lane , où règnent à l'instar d'autres périphéries de grandes villes, les gangs, le communautarisme, le trafic de drogue, l'islamisme rampant prospérant sur le terreau de l'ignorance et du déracinement.
Avec Nasneen, on va s'ouvrir au monde extérieur, et peu à peu remettre en cause certaines barrières mentales, issues d'un archaïsme culturel qui n'a pas cours en Europe, on va s'autoriser des libertés, gagner son indépendance, on va découvrir l'amitié et l'amour, dans toutes ses variantes, on va s'émanciper.
Je concède avoir lu certains passages en diagonale car des longueurs pas toujours intéressantes sur la vie de la cité, ou le passé de Nasneen quand elle était enfant ou encore des passages des lettres de sa soeur écrites dans un langage populaire volontairement incorrect, affaiblissent à mon avis la qualité de ce copieux roman qui réussit malgré tout un tour de force: celui d'un dépaysement total et absolu du lecteur.
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