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Critique de lilibookncook


Nouvelle année, nouvelle auteure. Grâce à Lecteurs.com que je remercie, j'ai eu la chance de découvrir la plume engagée d'Isabelle Alonso dans un de ses derniers romans, Je mourrai une autre fois. Roman politique et social il s'en dégage, en plus d'une force civique, une sphère intime traduit par cette famille républicaine convaincue. Ça commence comme une histoire racontée au coin du feu pour évoquer la chaleur puis instaurer la peur et enfin déclencher la fureur. La guerre c'est moche, mais l'impuissance encore plus.

Angel Alcala Llach, alias Gelin, pose les yeux du haut de ses 90 ans un regard panoramique sur l'histoire familiale et celui de son pays. Des années 20 à l'aube de la Seconde Guerre Mondiale, de Valencia à Madrid en passant par la France, il se raconte pour mieux dépeindre l'Espagne en proie aux changements politiques. Aîné d'une famille de quatre enfants, il vit une existence heureuse et fantasque bercée par les convictions politiques parentales : la création d'une vraie et grande République. Socialiste, communiste ou anarchiste qu'importe, le salut viendra du peuple ou ne viendra pas ! Privé de scolarité il n'en demeure pas moins éduqué, soutenu par des parents curieux et cultivés, aimé d'une fratrie complice. Mais voilà, après le temps de l'insouciance la guerre est au pas de leur porte, balayée par le vent de l'incertitude. A quinze ans, Gelin et sa conscience politique pointue s'engagent côté républicain, de l'autre les fachas avec à leur tête un certain Franco...

Famille solaire et politiquement engagée, Gelin partage dans un premier temps son enfance auprès de celle-ci. de l'histoire familiale paternelle et maternelle, on en retient les fratries, la fierté et bien sûr la rencontre décisive entre ses deux parents. Reviens également la région de Valencia chère à leurs coeurs, l'amour des balcons et la devise du couple : carpe diem. Mais ce qui m'a le plus émerveillé dans ce rappel des souvenirs est l'éducation donnée, dans la continuité des pérégrinations au fil des villes habitées. Dans un désir de laïcité, ses parents lui ont inculqué le goût de la culture comme ceux d'ouverture et d'égalité. 

Avec beaucoup d'humour Isabelle Alonso décrit des situations domestiques drôles, des sentiments contrariés et rend à l'Espagne sa luminosité, à l'image de ses racines et l'amour de son pays.

Oui, mais tout ne se déroule pas comme prévu. Alors que les victoires s'enchaînent, suppression d'une monarchie au profit d'une République et droit de vote des femmes, le pays sombre peu à peu dans le marasme politique pour basculer dans ce qui deviendra une dictature. Des joies de la famille Llorca, l'inquiétude sonne le glas de l'insouciance.

La perte de l'innocence par l'engagement militaire voilà comment le paysage rassurant de Gelin va voler en éclats. Alors qu'il n'a pas l'âge requis et contre avis parental celui-ci, mû par une volonté sans faille, décide d'en passer par les armes. Un récit de guerre, mais surtout un récit de la violence comme témoin de la folie des hommes et des extrêmes. Isabelle Alonso rapporte cette fois-ci non pas le quotidien d'un enfant choyé, mais celui d'un enfant trop jeune pour connaître les affres de la guerre. Dur et sale il y côtoie le sang et la disette, mais aussi et contre toute attente les rencontres et le partage. de cet épisode, j' y retiens le passage de la frontière française et l'humiliation du camp de concentration, des poux, des tiques et d'une faim de loup.

La romancière partage un récit imagé et précis, tantôt sombre et lumineux, le regard doux de celle qui le porte sur l'héritage familial. La sensibilité historique d'un pays a porté de plume. J'ai hâte de savoir si Gelin va enfin rentrer chez lui, hâte de savoir dans quel état il va retrouver sa patrie et surtout quel sera son rôle au sein du parti! Eh oui comme vous pouvez vous en douter, Isabelle Alonso n'a pas fini de nous conter la petite et grande histoire puisque est paru depuis septembre Je peux me passer de l'aube, qui nous laisse aux portes de 1939...   Vous aviez cru que je vous laisserais comme ça, sans gourmandises ? Evidemment que non ! Aujourd'hui sera placé sous le signe du sucre: churros et horchata.
Lien : http://bookncook.over-blog.c..
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