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Critique de dvall


Si je n'ai trouvé aucune qualité stylistique à ce récit, j'ai cependant apprécié de découvrir une culture que je connais peu et de me confronter pendant quelques heures à la condition révoltante de ces femmes opprimées à qui on refuse tout libre arbitre et toute liberté. La littérature après tout, n'est pas qu'une question de style et de forme, mais doit se faire le véhicule de voix qui peinent à se faire entendre autrement. L'auteure raconte le parcours de trois femmes dans la société patriarcale musulmane extrêmement codifiée du Cameroun septentrional, où elles doivent endurer leur sort en gardant constamment à l'esprit le principe suprême du munyal, autrement dit de la patience. Patience face aux destins que les pères et les oncles tissent pour elles, patience face aux ambitions et aux travers des maris qu'on leur impose, patience face aux vexations, aux violences physiques et morales, patience face aux viols conjugaux répétés, aux humiliations, à la claustration dans une vie faite de barreaux et d'interdits, une vie qui doit être entièrement dévouée au bonheur et aux honneurs de l'époux. Ce roman sonne comme un témoignage à trois voix, à chaque fois rédigé à la première personne, trois femmes qui vivent dans la même ville, se connaissent et subissent le même joug, chacune à leur façon. Certes, à la lecture de ces récits, on ne peut éprouver que des sentiments d'injustice, d'écoeurement et de révolte, mais ce roman méritait-il vraiment de figurer parmi les quatre finalistes du prix Goncourt 2020 qui, rappelons-le, doit récompenser « le meilleur ouvrage d'imagination en prose paru dans l'année » ? Nulle imagination dans ce roman, seulement la froide réalité d'une condition féminine bafouée au nom de la religion et du prestige des hommes. Nulle prose dans cette plume plate, factuelle et triplement linéaire, mais dont le style à la simplicité désarmante a eu le mérite de séduire les lycéens qui ont attribué à ce roman leurs honneurs. Alors ne lisez pas ce récit pour l'amour des belles lettres et de la créativité, lisez-le parce qu'il proclame haut et fort une vérité intolérable.
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