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Critique de Polomarco


Comme dans les tomes précédents, Henri Amouroux nous livre ici le fruit d'un énorme travail de recherches, attesté par une longue bibliographie et une -non moins- longue liste de remerciements à ceux qui, par l'ouverture de leurs archives familiales, ont permis que cette grande histoire des Français sous l'Occupation s'appuie sur un maximum de faits.
Très complet, Un printemps de mort et d'espoir couvre à la fois les dimensions diplomatique, politique, militaire et sociale de ces mois de fin 1943 et début 1944, où tous sentent que le vent a tourné et qu'un débarquement se prépare.
Diplomatique :
Les Allemands font pression pour faire entrer au Gouvernement Darnand, Henriot et Déat, favorables à une collaboration active. de vives tensions s'élèvent donc entre Pétain, Chef de l'Etat, et Laval, Chef du Gouvernement, que Pétain avait écarté du pouvoir le 13 décembre 1940, mais dont les Allemands avaient, en avril 1942, exigé le retour. de son côté, Eisenhower prend de haut le Général de Gaulle.
Politique :
A Alger, le 9 août 1944, est édictée une Ordonnance "rétablissant la légalité républicaine" et frappant de nullité tout "ce qui est postérieur à la chute, dans la journée du 16 juin 1940, du dernier gouvernement légitime de la République" (page 133). Par ailleurs, De Gaulle doit composer avec le Parti communiste. Si ce dernier s'associe à la Résistance et au Conseil National de la Résistance, c'est que, pour lui, la Libération n'est pas un but, mais le moyen de prendre le pouvoir, s'il peut prendre de vitesse De Gaulle...
Militaire :
Les bombardements alliés préparent le débarquement, en désorganisant les défenses allemandes, par l'écrasement des gares de triage et  l'attaque des aérodromes (page 421). de son côté, la Résistance organise des maquis (Les Glières, le Vercors, le Mont-Mouchet, Saint-Marcel) pour attirer les troupes allemandes dans des lieux éloignés du lieu probable du débarquement. de longs développements, consacrés aux combats du plateau des Glières, où près de 500 maquisards font face à 6700 Allemands et Gardes mobiles français, précisent et corrigent le récit de François Musard dans la collection Ce jour-là.
Sociale :
Henri Amouroux revient sur le drame des "malgré nous", ces Alsaciens et Lorrains naturalisés Allemands à partir du 23 août 1942, drame auquel s'ajoute celui qu'entraîne le STO (Service du Travail Obligatoire), institué deux jours plus tard. Un autre aspect mis en lumière est celui du Docteur Petiot, qui, au prétexte de faire partir des juifs en Amérique du Sud, les escroque et les tue.

Cette guerre est décidément une tragédie nationale, à tous points de vue. Henri Amouroux rend compte, avec objectivité, de l'extrême complexité de cette période de l'Histoire de France. On peut, par exemple, être résistant, sans être communiste ; on peut, aussi, être anti-collaborateur, sans être anti-pétainiste, à l'image de Tom Morel. A la guerre, officiellement suspendue, contre les Allemands, s'ajoute en effet la guerre civile qui oppose les Français entre eux, dans des violences fratricides. Au-dessus de ce volcan, les Allemands, qui ont interdit à Pétain de se déplacer en France sans leur accord, font en sorte que  Pétain "règne sans gouverner" (page 79). le tout est résumé d'une formule terrible : "le radeau d'un pouvoir délabré" (page 89).
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