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Critique de BazaR


BazaR
04 novembre 2016
Deuxième livre que je lis de la collection Dyschroniques des éditions du Passager Clandestin ; définitivement une mine de courts textes d'anticipation palpitants découverts dans le cadre du Club Imaginaire du forum Babélio (allez-y jeter un oeil, votre PAL ne s'en remettra pas). Chaque novella – écrite par un cador de la SF – vient discuter et extrapoler un fait de la société de son temps. Elle est complétée par une courte biographie et un contexte historique lié au sujet du récit, très utile pour comprendre la raison de l'auteur pour l'écrire.

Poul Anderson extrapole ici à partir des aides fournies par les États-Unis pour la reconstruction de l'Europe après-guerre, en imaginant les conséquences sur la culture des populations aidées. Les humains, devenus la première puissance de ce secteur de la Galaxie, proposent leur aide à deux civilisations extraterrestres qui se sont presque entretuées : Cundaloa et Skontar. La première est belle, aimable ; elle a toutes les faveurs des humains. La seconde est composée d'êtres qui, de manière atavique, évoquent de dangereux prédateurs ; les humains s'en méfient. L'une des deux n'aura pas d'aide.
Ce sont les conséquences qui sont intéressantes : les humains ne proposent pas leur aide par simple humanité mais aussi par intérêt. L'aide arrive en même temps que les moeurs, la culture, la technologie et même la religion du « bon samaritain ». La génération suivante est « humanisée » comme l'Europe occidentale a été américanisée suite au plan Marshall.
Je ne vous parlerai pas de ce qui arrive à la civilisation qui ne gagne pas l'aide humaine. Mais on peut comparer à la réaction du Général de Gaulle prenant son indépendance vis-à-vis des USA avec la bombe A et le retrait de l'OTAN : un refus de soumission totale (cependant la novella a été écrite avant l'action de De Gaulle. Si quelqu'un a influencé l'autre, c'est Anderson^^).

Je reste stupéfait par la perspicacité de Poul Anderson concernant les conséquences de l'aide, en particulier sur le risque d'être réduit à une nation-musée, un parc d'attraction géant pour touristes américains (formulée par un américain, cette vision ne manque pas de sel). Cependant, il semble qu'il n'avait pas prévu la réaction culturelle, nationaliste, voire religieuse qui s'est parfois produite à des degrés divers face à l'étendue de la culture américaine dans le monde. Certaines nations ont conservé les principes commerciaux mais gardé des modes de gouvernements qui leur sont propres (plus autoritaires que démocrates d'ailleurs) ; d'autres ont tout rejeté en bloc (Daesh & Co).

Un texte très agréable à lire, qui fait la part belle aux points de vue et à la culture extraterrestres et qui fait réfléchir. Ne vous en privez pas.
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