AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de 5Arabella


Il est très difficile de résumer ce roman polyphonique, aux personnages très nombreux et aux intrigues enchevêtrées. L'action du roman se déroule entre le 5 et le 8 mai 1945, donc tout à la fin de la deuxième guerre mondiale. le pouvoir communiste s'installe en Pologne, avec le soutien de l'armée soviétique, et contre le désir de la majorité de la population. Des anciens résistants reviennent dans leurs foyers, des gens rentrent des camps. Certains profitent de la nouvelles situation pour faire des affaires ou pour essayer d'occuper des postions de pouvoir. La violence fait toujours des victimes, d'autant plus insupportables que la guerre s'achève officiellement.

L'intrigue principale, qui sera quasiment la seule conservée dans le film tourné par Wajda, est l'histoire de Maciek, un jeune résistant lié à l'opposition fidèle au gouvernement en exil à Londres, à qui il est donné l'ordre d'exécuter Szczuka un communiste juste revenu des camps, et qui occupe des fonctions importantes, il dirige le comité du parti de la région dans laquelle se passe l'action du livre. L'homme représentant les communistes, il est l'homme à abattre. Mais en même temps Maciek fait la connaissance de Krystyna, avec qui il éprouve le désir de vivre et d'organiser sa vie, «normalement ». Mais les personnages abondent, et les motifs secondaires se mêlent au récit principal.
J'ai été émerveillée et emportée par l'écriture, dense, à la fois retenue et lyrique d'Andrzejewski, par sa capacité à dessiner les personnages, à les caractériser, à leur donner vie, avec une sorte de simplicité et d'intensité. Et aussi par sa capacité à soutenir l'intérêt du récit, il est difficile de s'arracher à ce livre une fois commencé, on vaut absolument connaître la suite. C'est magistral au niveau de l'écriture et de la construction.

Ce qui a été souvent reproché à ce livre, c'est qu'il présentait un point de vue communiste des événements. C'est incontestablement un moment de la vie de l'auteur pendant laquelle, comme les disent certains de ces personnages, « le communisme est le sens de la marche de l'histoire », quelque chose d'inévitable. Mais ces personnages sont complexes, on peut difficilement dire qu'il brosse un portrait idéalisé des gens qui représentent le communisme, même Szczuka est en fin de compte dogmatique, et son seul argument est le fameux sens de l'histoire, il se montre incapable de dialoguer réellement avec son ancien ami socialiste qui est plus que réticent devant l'évolution de la situation.

Et puis d'une certaine façon, les opinions qu'il représente existaient réellement, l'auteur lui-même y a adhéré pendant un certain temps et le livre en est le reflet. Il est facile à dire plus d'un demi siècle après que ce fut une erreur, mais à l'époque les choses pouvaient être plus compliquées.

Il faut donc lire ce livre en ayant en tête le contexte de l'époque pour relativiser certains éléments, néanmoins les qualités de ce livre sont vraiment très grandes et me donnent envie d'explorer les autres oeuvres de l'auteur.
Commenter  J’apprécie          70



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}