AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de rotko


rotko
24 décembre 2015
L'Oeuvre d' Andrzejewski, cendres et diamant, bénéficie d'une lecture exceptionnelle avec le film d'Andrzej Wajda de 1958, récemment restauré et visible en DVD.

La Pologne de 1945 s'éveille à la nouvelle de la capitulation allemande, et à l'arrivée des chars russes qui matérialisent la prise de pouvoir par le parti communiste, au détriment des maquis nationalistes tentés par un sursaut de résistance.

« Au-dessus de quoi s'élève donc cet arc de triomphe de la victoire ?

Au dessus d'un champ de décombres, Au-dessus de l'avilissement de la dignité humaine, Au-dessus d'un fourmillement de gnomes abâtardis et rendus invalides, empoisonnés par la peur et le désir venimeux de profiter de la vie à tout prix … »


Le roman est foisonnant par le nombre des personnages, bien différents, et la multiplicité des intrigues ourdies par ambitions personnelles ou politiques, sans oublier les calculs sordides, soit pour masquer le passé trouble de la collaboration et des camps, soit pour « assurer l'avenir ».

Il est aussi dense par la diversité des options, la nature des enjeux, et les tissus existant entre les protagonistes.

Il repose sur des contrepoints multiples entre les lieux d'ombre et la scène publique officielle de la victoire : Les arrière-cuisines et les toilettes face au banquet - qui finalement n'a rien à leur envier, car à la saleté matérielle des lieux privés correspond la laideur morale des calculs en public.

D'autres zones sombres mortifères ( grottes, cimetières) servent de décors à la décomposition morale de la société, face occulte de la misère des appartements délabrés, des rues défoncées, etc.

Le romancier pose un regard acéré et caustique sur les comportements grotesques des individus, que Wajda a su traduire par une interprétation musicale parodique de la « Polonaise héroïque »(Chopin).

Rares sont les purs - le responsable communiste Szcuzca, Podgorski, le nationaliste Maciek Chemilcki, qui se trompe ou de combat ou de cible !-

L'Erreur n'épargne personne :
« qu'est-ce qui compte, ce sont nos actions. Et rien de plus. Tout le reste peut être vrai, mais peut-être, tout aussi bien, illusion ou mensonge. Tant qu'un homme ne s'est pas confronté avec lui-même dans l'action, il se fait des idées. »

La tragédie touche chacun, avec le deuil d'un être cher ou d'une espérance.

le Destin s'acharne donc à contrecarrer tous les projets, à coups de méprises et de malentendus, broyant les vies comme les projets, ces bouquets de violettes de Maciek Chemilcki, « diamant » possible dans cet univers de décombres.
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}