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Critique de sabine59


Je reste très perplexe et partagée, après lecture... Habitant près de Valenciennes, j'étais forcément intriguée par le titre! Il s'agit du premier roman d'une historienne de formation.

Les années 50, l'après-guerre. Simon, rescapé des camps, arrive à Valenciennes où il a une mission: celle de donner à la famille de Pierre Weill, un codétenu dont il admirait le charisme , un paquet contenant une lettre et un poème.

En fait, il s'agit de Pierre Créange, poète juif mort en déportation, l'auteure reconnaît s'être inspirée très librement de sa vie. Il n'a pas habité Valenciennes, mais de nombreux détails de son existence sont en effet repris ici.

L'écriture tout en nuances m'a plu, et l'entrée intimidée de Simon dans cette maison bourgeoise austère est bien rendue. Valenciennes, tour à tour grise et lumineuse, au ciel flamand, défigurée aussi par les bombardements, est subtilement décrite. On déambule avec Simon dans des rues que je connais, on aperçoit l'église de Saint-Cordon, on longe le lycée Watteau, où j'ai passé plusieurs années...

Cependant, ce sont les personnages, trop peu fouillés, presque évanescents, qui m'ont déçue. Il faut dire que le livre est court et ne peut donc pas approfondir leurs pensées, leurs agissements. Mais je me suis sentie frustrée, surtout à la fin ,dramatique, rapidement amenée et traitée, alors que le début était lent, empesé. Et j'aurais aimé en savoir plus sur la belle-soeur de Pierre, et les enfants de celui-ci, qu'elle a recueillis, leur mère étant décédée également.

J'ai par contre été sensible à l'histoire, qui parle de trahison, de vengeance, de destins juifs foudroyés par la haine et la guerre, de la difficile résilience pour les enfants de ceux qui sont morts dans les camps.

Je terminerai en citant un extrait de poème du pacifiste Pierre Créange, qui illumine ce roman, au-delà de la mort:

" Mère, de quel signe sombre m'avez-vous marqué au front?
Quel manteau bizarre avez-vous jeté sur mes épaules?
je le traîne depuis ma naissance ,
Il flotte derrière moi comme un vieil oripeau
qui serait un drapeau,
Je sais, d'autres ont le même ,
mais parfois, il les gêne,
et ils tâchent de le cacher.
Moi, je le laisse aller au vent,
ce manteau couleur de ciel,
de soleil et de sang!

(" Exil: choix de poèmes ")

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