AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Manetheren


Ave lectrices et lectores !

Une Journée dans la Rome antique est une oeuvre aussi intéressante pour son fond qu'originale dans sa forme. Suivant le cours d'une journée, le vulgarisateur aux multiples vies Alberto Angela nous emmène assister à la vie des Romains. Des esclaves travaillant aux dernières ombres de la nuit aux gladiateurs qui s'éteignent avec le jour : nous vivons au rythme de la plus grande métropole de l'Occident antique en son temps.

Angela organise son récit autour de heures de la journée. Ce découpage chronothématique a une originalité bienvenue mais présente aussi l'inévitable défaut de sauter du coca Light.
On saute de sujet en sujet, on a tendance à perdre le fil : a-t-on passé une heure qu'on oublie déjà ce que les esclaves de 10h ont réalisé dans la domus. Après, mettez peut-être cela sur le compte du lecteur : s'il choisit de lire entre deux stations, il est le seul fautif. Felix culpa...

Les séquences péplum (un combat entre thrace et un mirmillon est assurément une fabula littéraire de qualité) croisent d'intimes instants de vie quotidienne. de la gestion des enfants non voulus à la médecine de Gallien, en passant par les traités de cuisine d'Appien et les vigiles, on parle de tout. La vénération des lares au petit matin aux activités comme l'intimité des chambres des dominus et domina n'échappent pas à l'intrusive érudition d'Angela. Les esclaves occupent dans la société romaine comme dans le récit une place primordiale, on comprend facilement la grandeur de Rome et son inhérente faiblesse, imperium quasi sine fine. L'auteur nous parle en détail des habitudes des marchés d'esclaves : l'attitude du vendeur (mango), les différents occupations auxquels étaient destinés les servi, les négociations. Saviez-vous que dans le temps, deux mains suffisaient pour aller jusqu'à 9999 et même plus, moyennant quelques originalités ? Mieux, saviez-vous que ce système perdurait jusque dans les souks modernes ? (moi, en tout cas, je ne savais pas !)

J'ai trouvé la petite scénette sur les vestales captivante, on a l'impression d'être le testis unus d'un moment incroyable intime et public à la fois
En bon ventre sur pattes, le chapitre "Un déjeuner sur le pouce" m'a également plu : légumes, volaille, oeufs durs, c'est à la bonne franquette ça ! Par contre, le conditum c'est que tchi ! On ne coupe pas du vin, malheureux ! (sauf à Dies Natalis Solis Invicti)

La ville de Rome et son architecture prennent une place essentielle dans le récit puisqu'elles sont le quotidien et le coeur de leur civilisation. Urbi et Orbi, comme on dit dans le milieu. Saviez-vous que dans les insulae, ces immeubles romains, on récupérait et vendait l'urine à bon prix ? Que l'Immeuble de l'État de l'Empire (c'est moins classe en français) avait son précurseur déjà en plein milieu du centre-ville ?

Dura criticus, sed criticus, quelques angles morts malgré tout : on ne parle pas des ennemis de Rome, on parle très peu de la place de la Cité dans son environnement, on parle peu des hommes et des femmes d'importance. Ce sont pourtant des clés essentielles pour comprendre la vie et la mort de l'Empire. J'aurai aimé que l'auteur aille un peu plus loin : les faubourgs de Rome, exempli gratia, ou les anciennes villes samnites, Albe la Longue ou même le Rubicon. D'accord, d'accord, ça ne répond pas à la commande.

C'est au final un très bon livre de vulgarisation historique. La méthode retenue est intéressante car elle sert complètement la vocation du livre. Se faufiler le temps d'un livre dans la peau d'un Romain d'il y a 2000 ans est étrangement vivifiant. Zou ! Sur ce, mundi placet et spiritus minima. Qui est partant pour de petites thermes ?
Commenter  J’apprécie          204



Ont apprécié cette critique (20)voir plus




{* *}