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Critique de KaoriKaonashi


Constance rejoint un cabinet d'avocat, qui véhicule des valeurs dont elle se sent proche. Bourreau de travail, elle ne comprend pas qu'on lui impose, au titre de sa période d'essai, de marcher pendant une semaine sur les chemins de Compostelle. Ce voyage est l'occasion de rencontres, mais aussi d'une coupure dans sa relation avec Lucas, un homme marié dont elle est l'amante, désespérée qu'il accepte un jour de quitter sa femme.

« Plus jamais sans moi », le titre est évocateur. Il véhicule une idée simple, qui dans sa mise en oeuvre implique un processus complexe, en perpétuel entretien.
Par hasard, je tombe sur ce livre en devanture de la médiathèque, un livre qui – d'ailleurs – m'avait été conseillé par féru de développement personnel. Alors, je me suis dit : voyons voir.

Il est délicat au travers d'un roman de véhiculer des messages de développement personnel. Disons plutôt, que dans la plupart des cas, l'intrigue en prend un sacré coup. Ce roman n'a pas fait exception à cet écueil :
Quelle entreprise paye à un salarié en période d'essai des vacances ?

Sur le chemin, Constance rencontre une foule de personnes, toutes prêtes à l'écouter, toutes semblant attendre quelqu'un à qui diffuser des messages de bienveillance…
Ce qui paraît également très peu crédible.

Sur la forme, ce manque de réalisme est également frappant par les dialogues, souvent construits de la même façon. C'est un laïus débité par un personnage X, entrecoupé de questions type « je ne comprends pas, as-tu un exemple ? ». Ce sont aussi des phrases toutes faites, des citations qui volent à tort et à travers.

Autre exemple de ce manque de crédibilité : l'habitude de la protagoniste à se confier à tout-va, sans gêne, sans honte, sans pudeur.
D'autant plus qu'elle évoque une situation douloureuse, voire gênante.

Attardons-nous un peu sur ce personnage, Constance.
Elle est le stéréotype de la femme naïve, accroc à un type qui profite d'elle. A part cela, elle ne fait pas montre d'une grande personnalité, ni de grande réflexion d'ailleurs. Pourtant décrite comme une « avocate brillante », elle peine à comprendre…
Pire, ainsi qu'évoqué plus haut, elle s'épanche à quiconque sur son déboire amoureux non sans un certain apitoiement sur elle-même. Jamais elle ne se remet en cause, le Lucas étant diabolisé au possible, et jamais les autres ne la jugent. Elle se confie sur cette relation asymétrique, elle qui est la femme de l'ombre, l'amante secrète, sans honte, sans culpabilité.
Elle apparaît, donc, peu crédible, et en tant que lectrice je n'ai pas ressenti beaucoup d'empathie à son égard.

Sur le fond, on l'aura vite compris, c'est gros comme une maison : au cours de ce voyage, les messages véhiculés ont pour objet de faire cheminer intérieurement Constance pour se libérer de cette relation toxique.
Au final, elle accumule des théories, des points de vue, des « secrets », et dans ce livre tout semble venir des autres. Or, si une tierce personne peut être à l'origine d'un chamboulement intérieur, le reste du chemin doit être parcouru seul.

Sur sa relation avec Lucas,
J'ai été frappée par le manque d'ambivalence. Il la délaisse, il lui fait des promesses en l'air, il joue sur le silence radio, puis revient avec un romantisme décuplé. le mécanisme bien connu du chaud et du froid.
Ce type de comportant crée un déchirement intérieur, un état de changement émotionnel constant, une lutte entre deux forces opposées, entravée par la relation de dépendance. Or chez Constance, ou est la rage, ou est la haine, ou est l'envie de le quitter, ou est la culpabilité, ou sont les doutes ?
Elle ne les ressent pas. Elle ne ressent que l'amour, la passion, et la peur de l'échec de la relation.

Dans ses dialogues avec Louise, elles évoquent les raisons de son acceptation d'une telle relation. Elles sont résumées en deux points : d'une part la peur d'être seule, et d'autre part la force du désir, notamment sexuel.
On ne pouvait prendre pires arguments. Il me semble y avoir tant d'autres pistes, plus intéressantes à explorer (peur du manque de sens dans la vie (relation obsessionnelle), peur de ne pas s'en sortir seule (relation de dépendance), manque d'amour propre (relation qui nuit à l'estime de soi…).



En conclusion, ce livre est un condensé d'idées piochées de développement personnel (amour propre, se détacher du matériel,…), divulguées sans débat. Sans être inintéressant, il contient selon moi trop de lacunes et d'incohérences ; pas assez de nuances et de crédibilité. A ce stade, je me demande s'il est pertinent d'habiller les leçons de développement personnel sous la forme d'un roman.
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