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Critique de Bouteyalamer


Ce remarquable essai fait le procès de la dimension spirituelle dans l'oeuvre de Jung, un mysticisme qui contredit la revendication scientifique du fondateur de la psychologie analytique. Elle implique de multiples glissements sémantiques pour suggérer « que la véritable place de l'Esprit se trouve dans la psyché de l'homme, en tant que l'Esprit serait cet inconnu qui porte le nom d'inconscient, plus précisément en tant que Soi » (je cite ici l'auteure). de fait, Jung prend appui sur ses concepts personnels d'anima, de Soi ou d'inconscient collectif pour intégrer les matériaux hétéroclites du symbolisme, de l'allégorie, de l'alchimie, du Mystère et des mystiques, au risque de « diviniser l'inconscient » et de faire de la psychologie analytique « une prothèse divinatoire pour résoudre les insuffisances individuelles de chacun ». Un chapitre fascinant à cet égard est celui de « L'âme initiatrice » où Arcé fait une lecture attentive et sévère du Livre Rouge — le Liber Novus, écrit et illustré de la main de Jung — où ce dernier déploie, dans l'imagination active, un dialogue avec son âme.

Arcé reproche à Jung sa déviance dans l'emprunt à la Tradition et s'appuie dans cette démarche sur l'oeuvre de René Guénon, un contemporain de Jung que je découvre ici. J'ai lu à cette occasion la monographie longue et désordonnée (47 pages en PDF) de Wikipédia sur ce penseur de la métaphysique, laquelle souligne la puissance de ses idées et leur rémanence dans le référentiel contemporain. de fait, « Jung et l'occulte » traite autant de Guénon et de la Tradition primordiale que de Jung et de la psychologie analytique, ce qui en redouble l'intérêt. Trop novice pour avoir une opinion personnelle, je formule ici quelques questions. Peut-on postuler une Tradition primordiale ? Expert des traditions gréco-latines et judéo-chrétiennes, Guénon a été initié à l'indouisme et au soufisme ; cela lui suffit-il pour postuler un tronc commun à ces traditions, comme à celles du bouddhisme, des animismes, de l'Avesta, ou des mythes celtes et scandinaves ? Il affirme que les religions sont l'avers public, « exotérique » des religions, qui ont une face cachée « ésotérique », celle de l'unité perdue, principe dont Jung dérive les fantasmes d'une « harmonie complète avec le cosmos » ou « d'un trésor dont l'ignorance seule susciterait le symptôme névrotique ». Peut-on séparer les religions (exotériques) de leur histoire, de leurs rites, des attributs et révélations de leurs divinités ? Une face cachée (ésotérique) de la tradition judéo-chrétienne n'est-elle pas abolie dans l'évangile, révélation publique, ouverte au monde ? Et pourquoi postuler, avec Jung et Guénon, une « déperdition des savoirs » ? L'auteure et les lecteurs voudront bien pardonner ces questions naïves ou hors sujet, qui témoignent de l'attrait de ce livre.
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