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Critique de Fabinou7


L'apport majeur d'Aristote à la pensée politique, c'est l'approche pragmatique et scientifique que revêt son oeuvre.
Il est en effet instruit à la médecine et la biologie ce qui aura un impact sur ses analyses. Il apprend de son maitre Platon autant que de ses rapports avec les puissants, comme Alexandre le Grand dont il sera le précepteur.
Il observe la vie politique athénienne de l'extérieur, son statut de métèque le privant de toute intervention directe dans les affaires de la cité.

Aristote mêle deux objets d'analyses, le premier l'homme et le second découle du premier, il s'agit du regroupement d'hommes avec une finalité commune, à savoir la cité.

Pour Aristote, l'homme est fait pour vivre en cité, il est par nature un « animal politique ».
Partant du postulat que la « nature est fin » les hommes sont par nature amenés à se regrouper en cités, lieu où s'exerce la politique, dans le but de vivre une vie heureuse.
Reste à l'homme à trouver le gouvernement capable de conduire la cité jusqu'au bonheur, c'est alors l'affaire de tous, les grecs ne connaissent pas l'individualisme et la quête du bonheur ne peut être que collective.
En outre, c'est parce que l'homme sait, grâce au langage, faire la différence entre le juste et l'injuste qu'il parviendra à exercer ce pourquoi il est, à savoir la politique au sein de la cité.

Néanmoins, il ne s'agit pas de n'importe quelle cité, elle doit être centrée sur le juste en vue du bien-être de chacun. Cela implique de choisir le gouvernement le plus adéquat. Aristote pourtant n'invente rien, mais éclaire les lecteurs sur les gouvernements déjà existants et éclaire leurs limites, notamment celles de l'oligarchie, mais s'il est favorable à la participation en nombre des citoyens, il n'est pas favorable à la démocratie pour autant et il en éprouve aussi les limites.
La finalité de la cité, c'est de mener une vie heureuse, dès lors ce n'est ni atteindre l'égalité arithmétique parfaite de la démocratie en faisant fi de la vertu nécessaire pour gouverner, ni de faire de la richesse l'étalon de mesure de la participation à la vie politique de la cité. de telles conceptions conduiront à des contrefaçons de la cité véritable, controuvées par la conception relative du juste des démocrates et des oligarques.
Comme Platon avant lui, Aristote exhorte les citoyens grecs à ne pas s'arrêter à une justice conventionnelle qui soit le fruit d'un accord entre les hommes, comme le défendent ardemment les sophistes, qui ont gagné d'ailleurs, une telle justice ne dira point ce qui est juste ou injuste dans l'absolu.
Quant à la ou les personnes physiques chargées d'incarner le pouvoir dans la cité même les plus vertueuses ne peuvent se passer de la masse des citoyens, car si leur vision individuelle peut être irrationnelle, leur voix collective a de plus grandes chances d'être juste, de plus, leur refuser toute participation revient à remplir la cité de frustration et de haine.
Seulement, permettre de participer à des citoyens qui n'ont pas de compétences particulières n'est pas sans danger, à cela Aristote répond que les citoyens confrontés au fonctionnement des institutions n'en ignorent pas tous les rouages.

le juste doit donc guider l'action des gouvernants en vue du bien-être, mais cette cité idéale n'est pas à chercher dans un quelconque monde des idées, intelligible, mais bien sur terre, entre les lignes des constitutions. C'est le rôle du législateur.
Aristote interroge enfin le lecteur sur ce qui fait un homme de bien, il va sonder les âmes pour les diviser en deux parties et ainsi dévoiler les deux versants de la raison, la raison pratique qui guide l'action et la raison théorique qui voit la finalité.
Autrement dit, pour Aristote si « la fin justifie les moyens » elle ne doit pas se confondre avec eux. La guerre ne fait pas une constitution, la richesse ne poursuit pas la fin de la cité.
Pour éviter cela, Aristote enjoint le législateur à la pédagogie, à « philosopher à coups de marteaux » pour faire entrer cela dans l'âme des citoyens.
Peut-être est-ce, comme le pense son maitre Platon, au philosophe d'endosser cette tâche peu aisée pour laquelle il est le seul à pouvoir prétendre.
(#2014)
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